Génération Galactik – Fulguropoing dans ta madeleine de Proust !

Generation-galactik-1Sorti l’année dernière, Génération Galactik est une machine à voyager dans le temps. Destination : la période juillet 1978-décembre 1983, et l’explosion sur les écrans de télé et dans les cours de récré de Goldorak, Albator et Ulysse 31.

Génération Galactik est écrit sous la forme d’un récit à la première personne, avec un début et une fin, et un côté personnel qui le différenciedes titres rétrospectifs catalogues comme le par ailleurs très bon « Nos jouets 70-80 » sorti en 2008 (et dont l’auteur de Génération Galactik est co-auteur).

Si mes calculs sont bons, l’histoire se déroule des 7 ans aux 11 ans de l’auteur. 50% de nostalgie, 50% d’humour, 50% de personnages de dessins animés de science-fiction, même si ça fait 150%, l’équation marche parfaitement.

En plus du texte qui nous plonge dans l’ambiance de l’époque (même si je me demande si un récit au présent plutôt qu’au passé n’aurait pas été plus immersif et moins scolaire mais bon c’est un détail), l’autre gros point fort de Génération Galactik, c’est les illustrations. Des tonnes de photos de jouets, produits dérivés, extraits de programme TV, etc.

C’en est même parfois effrayant. On se demande comment des pochettes Panini de Capitaine Flam ou des sachets de stickers Bonux Ulysse 31 ont réussi à traverser les âges intacts, sans que leur(s) propriétaire(s) ne cède(nt) à la tentation de les ouvrir.

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Ca marche aussi pour les enfants des années 80

Né en 1979, je suis quasiment en dehors de la fenêtre de tir de cet ouvrage – en théorie.

Sauf que tout ce qui est raconté, je le revois avec d’autres dessins animés, d’autres jouets, d’autres gadgets qui ont suivi le phénomène Goldorak de quelques années (je réalise au passage que quand je regardais Goldorak, c’était en fait une énième rediffusion…).

Les échanges (et les arnaques) dans la cour de récré (avec les images des Crados dans mon cas) ; le précieux catalogue automne-hiver des 3 Suisses avec ses pages « Jouets » sur lesquelles je passais des heures à lire les descriptions et les références (pour moi c’était plutôt les jouets GI Joe et MASK) ; les cadeaux Bonux ou Nesquik ; les copains qui ont toujours de meilleurs trucs que nous…

Si vous lisez ce blog, c’est probablement qu’on a à peu près le même âge, donc vous voyez de quoi je parle ; je ne vais pas m’étendre.

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La question angoissante de la fin

A la lecture de ce livre, il me vient tout de même une angoissante question : alors qu’E. (7 ans) se situe justement à l’âge qu’avait l’auteur au moment où il commence son récit, se souviendra t-il avec autant de nostalgie, en 2042, des jouets, des dessins animés, des jeux vidéo qui sont aujourd’hui ses préférés ?

Est-ce que Skylanders ou les jeux vidéo Lego auront dans 30 ans le potentiel rétro-émotionnel qu’ont aujourd’hui le Super Mario de la NES ou le Sonic de la Megadrive ?

Est-ce que les cartes Pokémon seront aussi présentes dans les souvenirs que le sont les cartes des Crados ou les images Panini de l’album MASK pour ceux qui étaient enfants dans les années 80 ?

Ou bien le fait que tout soit devenu aujourd’hui si facile d’accès et si varié ne rend-il pas moins précieux, moins rare, et donc moins mémorable, chaque instant, chaque objet ?

Et est-ce qu’il y aura des figures pop-culturelles vraiment partagées par toute cette génération, permettant de sortir en 2030 ou 2040 des livres générationnels comme Génération Galactik ? Ou bien la variété, l’abondance de choix, feront elles que personne n’aura vraiment les mêmes souvenirs de ce qui caractérisait l’enfance dans les années 2000-2010 ?

C’est horrible, on dirait une conclusion de vieux con qui pense que c’était mieux avant quand on avait moins de trucs.

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Disclaimer : l’éditeur m’a fourni un exemplaire du livre mais cet avis est basé sur mon opinion réelle.

3 réponses

  1. Krisdevil dit :

    Né en 74 , je verse ma larme,

    quand je vois sur la dernière image les livrets d’histoire avec les images qu’on découpait pour illustrer mon cahier. (maintenant mon fils me dit: » papa ! va sur internet. j’ai besoin d’une photo de François 1er.. )
    il y avait aussi ce coté exceptionnel d’avoir quelque chose , loin de cette société de consommation
    (les gamins d’aujourd’hui se lassent trop vite et veulent toujours plus de la nouveauté)

    Alors je dis oui! c’était mieux avant.!!

  2. Adr3nalin-e dit :

    Rien que pour l’effet de lassitude que la société nous impose et le fait que les enfants n’ont plus d’imagination, je corrobore tes propos Kris.

  3. Stéfan dit :

    Je ne suis pas sûr que ce soit la société de consommation qui impose un rythme nouveau par rapport à l’époque décrite dans le livre. Car ce qui ressort du bouquin, c’est bien la volonté déjà à l’époque de posséder tous les gadgets dérivés des dessins animés.

    Par contre à l’époque, le facteur limitant c’est la capacité du système à répondre à cette envie de consommer. Il n’y a que 6 chaînes à la télé pour diffuser les nouveaux dessins animés, la vente par correspondance est limitée à 2 catalogues par an, l’industrie du jouet ne peut pas produire autour d’articles différents que maintenant. Moins de choix, donc forcément plus de monde qui possède le même jouet, adore le même personnage du même dessin animé, etc.

    Alors qu’aujourd’hui le facteur limitant c’est le temps dont disposent les enfants pour profiter de tout ce qui est disponible.

    Mais finalement l’esprit de consommation est là depuis très longtemps.

    Sur la perte d’imagination je sais pas trop, déjà je me souviens que dans les années 80 on était accusés de ne plus avoir d’imagination à force de regarder les dessins animés du Club Dorothée. Je me demande si chaque génération n’accuse pas la suivante de ne plus avoir d’imagination, alors qu’en fait c’est juste une forme d’imagination différente qui se développe et qu’on ne perçoit pas bien, à cause de nos capteurs adaptés à *notre* forme d’imagination.

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