Disney Infinity, le test (enfin)

Avec plusieurs mois de retard sur la sortie de Disney Infinity, je suis enfin en mesure de vous proposer un test – grâce à un exemplaire gagné à un concours organisé par Microsoft et Disney.

Version courte : la tendance générale qui se dégageait des tests professionnels à la sortie – « pas mal mais pas génial » – correspond bien à la réalité. Donc vu l’investissement demandé, c’est limite.

Version longue :

Points positifs

Jouable en multijoueur avec des joueurs de niveaux très variables : le fait que le multijoueur soit en écran splitté et que la progression de chaque joueur ne dépende pas de celle de l’autre permet à U. (G3) de jouer avec E. (G8). C’est le seul jeu que je connaisse qui permette ça (à part peut-être l’immense hub New-York de Lego Marvel Super Heroes). Dans Skylanders c’est rigoureusement impossible (les deux personnages étant reliés par un fil invisible), et dans les niveaux des jeux Lego il faut de la coordination entre les 2 joueurs pour débloquer certains passages. La contrepartie, c’est que le jeu est très peu coopératif : à aucun moment il n’est nécessaire de s’entraider, le seul avantage de jouer à deux, pour la progression, est qu’on avance plus vite, chaque joueur pouvant se concentrer sur une mission différente.

Le simple fait de dégommer des trucs en contrôlant Flash McQueen dans les rues de Radiator Springs suffit pour amuser U. (G3).

Liberté de mouvement : Disney Infinity est un des rares jeux vidéo pour enfants dans lesquels la liberté de mouvement est très grande, même dans les aventures qui sont supposées être les séquences les plus guidées. On n’est pas au niveau de Minecraft, mais cette liberté de mouvement permet le point positif suivant.

Jouable très jeune : certains mondes suffisamment ouverts et sans pièges énervants ou machins à escalader tous les 2 pas, comme Cars ou Monstres Academy, permettent à de très jeunes joueurs de jouer, simplement pour le plaisir de contrôler des personnages Disney, les faire se déplacer, casser des éléments du décor, etc. Pendant qu’U. (G3) se balade avec Flash McQueen dans les environs de Radiator Springs sans réel objectif, E. (G8) réalise des missions avec un autre personnage de Cars, les deux y trouvent leur compte.

Maniabilité du coffre à jouets : le mode créatif est relativement simple à utiliser et maniable, ce qui n’était pas gagné. Après une courte période de prise en main, on crée facilement des assemblages de blocs et autres éléments. Même des enfants de 7-8 ans avec un petit cursus Minecraft peuvent rapidement être opérationnels et créer des circuits, des labyrinthes, etc. Ceci dit, pour une utilisation sérieuse et ambitieuse, on est quand même vite handicapé par l’impossibilité de déplacer des ensembles d’objets en une seule manip, d’effacer par lots, de copier/coller des ensembles et leur disposition dans l’espace, etc.

Points négatifs

Les limites d’ergonomie du mode création et l’impossibilité de vraiment partager ses créations font que dans la réalité, les créations téléchargeables sont dans l’ensemble assez loin du niveau de fun promis par cette image.

Le truc complètement stupide : Disney propose un jeu dans lequel les joueurs peuvent créer leurs propres niveaux, mais ne permet pas aux joueurs de partager librement leurs créations en ligne ou avec leurs amis. Le seul moyen d’envoyer une création du Toy Box à un ami est de la soumettre à Disney et d’être sélectionné dans les « featured toy boxes », afin de figurer ensuite dans la liste des créations téléchargeables dans le jeu ; seules les meilleures créations sont sélectionnées. C’est pour moi la plus grosse erreur commise par Disney sur Disney Infinity, puisque ça réduit à un niveau proche de zéro la motivation à créer des trucs avec le coffre à jouets, qui est justement sensé être le point fort du jeu.

Le gameplay un peu mou : dans tous les packs aventures proposés, le gameplay se résume à un enchaînement de mini-quêtes dont 90% sont très moyennement intéressantes. Après chaque quête, il faut aller chercher le personnage qui va nous confier la mission suivante. L’ensemble manque cruellement de rythme, contrairement à un Skylanders dans lequel il n’y a aucun temps mort.

Des menus peu intuitifs : pour un jeu qui s’adresse avant tout aux enfants, Disney aurait pu faire un effort pour simplifier les menus de chargement, sauvegarde, etc. Beaucoup d’étapes inutiles et de navigation peu claire. Le meilleur exemple de cet échec : la navigation dans les « featured toy boxes ». Aucun critère de tri, la liste est chronologique, point final. Pas de tri par univers, par type de gameplay proposé, par évaluation des utilisateurs (il n’y a d’ailleurs pas d’évaluation par les utilisateurs)… Les descriptions sont uniquement en anglais (super pratique pour les enfants…). Et quand on sélectionne un toy box pour le télécharger, il faut ensuite revenir au menu et reparcourir toute la liste pour retrouver le niveau et enfin pouvoir le lancer. Pour l’instant les toy boxes sont en quantité raisonnable, mais dans un an si ce menu n’est pas complètement revu, il sera impossible de s’y repérer.

L’infinité est finie : comme le jeu est aussi vendu sur 3DS et Wii U, deux consoles aux capacités de stockage de DLC très limitées, tout le contenu de Disney Infinity est déjà sur le disque ; il n’y aura pas de nouveaux personnages ou univers ajoutés par téléchargement. On sait donc très clairement ce dont l’avenir sera fait. Les packs aventures Pirates des Caraïbes, Monstres Academy, Les Indestructibles, Cars, Lone Ranger et Toy Story seront les seuls. Quant aux personnages, la liste se limitera à celle qu’on trouve ici. C’est pareil pour Skylanders vous me direz. Sauf que Skylanders n’est pas Disney et sa machine à licences : Disney Infinity aurait pu être un jeu qui évolue sans cesse, avec de nouveaux mondes et personnages ajoutés à chaque sortie de film, ou en hommage à tel ou tel ancien film.

Jack n’est jouable que dans les niveaux créés dans la Toy Box. Dommage.

Les contraintes d’utilisation des personnages : le fait qu’un personnage donné ne puisse être utilisé que dans son propre monde (Jack Sparrow n’est pas jouable dans Monstres Academy par exemple) ou dans le Toy Box réduit fortement l’intérêt du concept de jeu vidéo augmenté avec des figurines. Dans Skylanders, les figurines peuvent être changées pour jouer le rôle de vies supplémentaires, pour débloquer des portails magiques spécifiques, pour bénéficier de bonus de stats, etc. Il y a un vrai jeu entre les figurines et ce qui se passe dans le jeu vidéo. Dans Disney Infinity, une fois le personnage posé sur le socle, il n’y a pratiquement aucune raison d’en changer, et si vous voulez changer, vous êtes très limités dans les choix : Bob n’est remplaçable que par Sulli ou Léon (les 3 seuls personnages de Monstres Academy disponibles). Autre conséquence de cette contrainte : le pack de démarrage, qui ne contient qu’une figurine par univers, ne permet pas de jouer les aventures en multijoueur.

Des personnages sans univers : Ralph et Vanelope, Jack Skellington, Mickey ou encore les personnages de La Reine des Neiges n’ont pas (et n’auront pas) leurs propres aventures dans Disney Infinity. Ces figurines ne sont jouables que dans le mode coffre à jouets. Donc n’espérez pas une aventure scénarisée basée sur le monde de l’Etrange Noël de Monsieur Jack ou les Mondes de Ralph.

Techniquement, un petit manque de finition : l’écran splitté entraîne une baisse de fluidité, il y a quelques bugs, et parfois des problèmes de placement de caméra.

Conclusion

Le seul vrai point fort de Disney Infinity par rapport à d’autres jeux du même type est le fait qu’il puisse être joué en multijoueur par deux enfants d’âges et niveaux différents. Pour tout le reste, qualité du gameplay, réalisation, niveau de divertissement, l’investissement demandé est largement supérieur à ce qui est proposé. Ceci n’empêche cependant pas E. (G8) et U. (G3) d’être captivés par le jeu et de pouvoir y rester scotchés de longues heures.

Espérons maintenant un Disney Infinity 2 d’ici 1 ou 2 ans, qui corrigerait tous les défauts de ce premier volet, serait réellement ouvert sur des extensions infinies, et serait rétrocompatible avec les figurines de première génération.

3 réponses

  1. Une comparaison a skylanders swap force serait possible? Ou juste un avis de comparaison du moins 🙂

    • Stéfan dit :

      Sur le plan purement vidéoludique, Skylanders est clairement supérieur : mieux réalisé, plus rythmé, plus de choses à faire, plus varié, plus stimulant.
      Et pourtant, de façon totalement illogique, E. (8 ans) et U. (4 ans) ont beaucoup plus joué à Disney Infinity (on a les deux jeux depuis environ 1 mois). U. ne peut pas vraiment profiter de Skylanders (trop difficile pour lui), mais même E. préfère, en ce moment, jouer à Disney Infinity. Je pense que l’effet « je joue avec mon petit frère joue beaucoup ». Le fait que le jeu soit basé sur les univers Disney est aussi très déterminant : je doute qu’un jeu avec le même contenu en gameplay, assez pauvre et peu rythmé, aurait séduit s’il n’y avait pas les personnages de Cars ou Monstres Academy.

      En résumé : je n’aurai pas payé pour Disney Infinity au prix auquel le jeu revient actuellement. On en profite parce que je l’ai eu gratuitement, mais sinon, de mon point de vue basé sur la seule qualité du produit, ce n’est pas un excellent investissement. Cet avis n’est pas nécessairement partagé par des enfants, qui n’ont pas le critère « prix » dans leur comparatif.

      Je confirme l’article que j’avais écrit il y a quelques mois sur Disney Infinity vs. Skylanders SF et qui était basé sur les tests et previews que j’avais pu lire : http://www.geekdad.fr/2013/09/skylanders-swap-force-vs-disney-infinity-que-choisir-pour-noel-2013/

      S’il faut choisir entre les 2, je conseille Skylanders si l’enfant est vraiment intéressé par les jeux vidéo, et Disney Infinity si c’est avant tout l’univers Disney qui l’attire.

  2. Super merci beaucoup, dans le doute j’avais pris le SF pour lui (et moi faut avouer hein) donc bon investissement! Merci encore 🙂

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