Interstellar : à partir de quel âge ?

Notice : Concernant les âges minimum conseillés ici pour les films

Interstellar, vu de loin, ça ressemble furieusement à Gravity l’année dernière. Pas au niveau de l’histoire, mais sur le plan de l’attraction médiatique et du questionnement quant à l’âge minimum. C’est un film à teneur spatiale garantie, qui combine les qualités d’un blockbuster (divertissement, grand spectacle) avec l’intelligence et le contenu scientifique qu’on ne trouve pas tous les jours au cinéma, surtout dans les films grand public. Difficile donc de résister à l’envie d’en faire profiter les enfants, sur grand écran, afin que l’immensité de l’espace ne se résume pas au visionnage du DVD dans 6 mois sur un écran de télévision. Mais Interstellar peut-il être vu par des enfants ?

Classification officielle aux Etats-Unis et en France

Concernant la classification d’âge officielle : aux Etats-Unis, Interstellar est classé PG-13 (soit « Certaines scènes peuvent heurter les enfants de moins de 13 ans ; Accord parental recommandé, film déconseillé aux moins de 13 ans »). En France, le film est Tout public (source Pathé), parce que nos enfants ne sont pas des petites natures comme les Américains, c’est bien connu (ceci dit, il y a beaucoup de films classés Tout public qui ne sont pas à montrer à n’importe quel âge, le système de classification cinéma français étant étrangement plus permissif que celui sur les jeux vidéo – mais je m’égare dans un trou de ver).

Et en vrai, alors ?

Avis sans spoiler, mais nécessitant de me faire confiance

Attention : il m’est très difficile d’argumenter mon avis sans donner quelques indications sur l’histoire. Si vous souhaitez découvrir le film en même temps que vos enfants, sans aucun spoiler, il vous faudra donc me faire confiance, sur la base de l’avis suivant : Interstellar peut être vu sans danger à partir de 8 ans, et peut être apprécié à partir de 9-10 ans, mais tout ceci sous certaines conditions. L’enfant doit :

  • Etre tolérant à la lenteur et à la longueur dans les films. Interstellar dure 2h49 et son rythme est globalement assez modéré. Si votre enfant ne s’ennuie pas devant la trilogie du Seigneur des Anneaux ou du Hobbit, ou devant les films du studio Ghibli les moins intenses comme Totoro ou la Princesse Kaguya, alors cette condition est validée.
  • Avoir un certain intérêt pour la science-fiction, l’espace, les robots, les vaisseaux. Si votre enfant aime Star Wars, c’est bon.
  • Etre capable d’apprécier (à défaut de tout comprendre, ce qui est mieux, mais pas forcément possible à 7-8 ans) les histoires alambiquées, notamment où le scénario utilise la dimension temporelle. Condition validée si votre enfant a aimé et à près compris la trilogie Retour vers le Futur.

Si votre enfant valide ces 3 conditions, vous pouvez l’amener voir Interstellar sans aucun problème, dès 8 ans (voire avant, en fait). Sinon, il risque de s’ennuyer.

Avis plus illustré (beware : spoilers !)

NB : pour éviter les accidents, les spoilers importants sont écrits en blanc sur fond blanc, vous pouvez surligner pour en voir le contenu.

Un film long et assez lent

Concernant la longueur du film, un des aspects qui peut faire que l’enfant décroche, c’est l’introduction très longue avant de voir enfant s’ouvrir la perspective de l’exploration spatiale : la première heure du film se passe sur Terre, dans un environnement rural post-apocalyptique – la ferme de Cooper (Matthew McConaughey) et ses champs de maïs et de blé à perte de vue. Heureusement, les deux enfants de Cooper sont très présents dans cette séquence – notamment la plus jeune, Murphy, une fillette attirée par les sciences (cool).

Par la suite, on est embarqués par l’intrigue et les magnifiques images de l’espace, on voit moins le temps passer.

Une tension largement supportable

La tension est globalement beaucoup moins forte que dans Gravity ; il y a bien sûr quelques séquences de stress (surligner pour être spoilé : [ la vague géante sur la première planète visitée, l’affrontement sur la planète de glace qui cause la quasi asphyxie de Cooper, le passage dans le trou noir à la fois sombre et difficile à comprendre…]]), mais il y a aussi beaucoup plus d’humour (notamment avec l’excellent robot Tars, voir ci-après), l’histoire ne se déroule pas dans un huis-clos entre seulement deux personnages, et il n’y pas les 2 ou 3 éléments morbides de Gravity (cadavres flottants dans la navette, astronaute mort avec le crâne transpersé). La longueur du film permet aussi de diluer un peu la tension. La violence est extrêmement rare (une seule séquence), et je n’ai pas relevé de langage particulièrement grossier.

Un contenu scientifique vertigineux mais très bien amené

Interstellar permet d’appréhender, dans le contexte d’un film divertissant, des notions assez complexes telles que la relativité du temps (parfaitement illustrée, de façon on ne plus claire, (méga spoiler) [par les retrouvailles entre Cooper et sa fille, plus âgée que lui, à la fin]), le voyage spatial par les trous de ver, et (encore plus compliqué mais bien illustré dans le film) la gravité en tant que cinquième dimension capable de transcender le temps. Afin que l’ensemble tienne la route, Christopher Nolan s’est d’ailleurs fait conseiller par l’astrophysicien Kip Thorne. Il n’est pas nécessaire de tout comprendre pour apprécier le film (d’ailleurs même en tant qu’adultes, on sort de la salle en se demandant si on a bien tout compris – [surtout la séquence finale à partir du trou noir et son espace en 3 dimensions permettant à Cooper d’agir en 5 dimensions, en utilisant la gravité pour communiquer avec le passé]), mais un enfant qui a des notions sur le voyage temporel devrait s’en tirer. Autre fait intéressant du film : il apporte une explication scientifique, basée sur les théories exposées dans le film, au phénomène paranormal des fantômes. On apprécie également le fait que deux des principaux personnages scientifiques du films sont des femmes (Murphy Cooper et le Dr Amelia Brandt) et que – même si c’est une fiction – la science soit au centre de l’histoire.

Interstellar - AfficheUne histoire de famille

Autre aspect intéressant d’Interstellar pour le jeune public : les enfants jouent un rôle très important dans le film, dont un des principaux ressort est le lien entre papa Cooper et sa fille Murphy. Au début du film, les enfants sont jeunes, permettant à des jeunes spectateurs de s’identifier. Par la suite, le fait que les enfants vieillissent plus vite que leur père (du fait de la relativité du temps) amuse et émeut à la fois, notamment à travers les séquences très touchantes des messages vidéos.

Un robot super cool !

Une parenthèse sur le robot, Tars : alors qu’on pensait que tous les designs sympas pour des robots au cinéma avaient plus ou moins été explorés, Christopher Nolan nous présente ici un robot monolithique, donc on comprend progressivement, au fil de ses actions dans le film, à quel point il est bien trouvé. Doté d’une intelligence artificielle évoluée lui permettant de dialoguer naturellement avec les humains, et même de faire de l’humour, Tars réussit l’exploit d’être presqu’aussi attachant qu’un C3PO, sans avoir son aspect humanoïde. Il y a de fortes chances que les enfants apprécient ce robot original, personnage le plus drôle du film, juste avant Cooper et son humour pince-sans-rire.

Conclusion : un film kid-safe vers 7-8 ans et réellement intéressant à partir de 9-10 ans

Pour l’ensemble des raisons précédemment décrites, je ne conseillerais pas le film avant 7-8 ans, sauf enfants extrêmement patients et tolérants aux histoires qu’ils ne comprennent pas. Il n’y a pas d’éléments réellement choquants, et une tension bien moindre que dans Gravity. L’humour est présent, le grand spectacle assuré, l’émotion aussi sans sombrer dans le médodrame ; le cocktail est parfaitement équilibré.

Avec 2 ou 3 ans de plus (donc vers 9-10 ans), selon les films qu’il a déjà vus (notamment sur le thème des voyages temporels et interdimensionnels) et son intérêt pour la science (fiction ou non), un enfant devrait être en mesure d’apprécier davantage, en comprenant l’essentiel de l’histoire et en se projetant lui-même dans les situations. La fin engendrera certainement des questions – aux parents d’apporter des réponses (bon courage, parce qu’il faudra avoir soi-même à peu près compris le truc !).

Moins sombre que The Dark Knight, moins labyrinthesque qu’Inception, Interstellar est peut-être finalement le plus kid-friendly des films de Christopher Nolan.

 

Vous avez vu Interstellar ? Qu’en pensez-vous, c’est bon pour les enfants ? A partir de quel âge ? A vous la parole, ci-dessous !

14 réponses

  1. Umbriel dit :

    Sûr, je vais aller le voir ! Quand, je ne sais pas. C. (12 ans) n’est pas intéressée. Zut, elle aurait été dans la tranche d’âge. Je n’ose pas pour M. (10 ans) ou A. (8 ans), que je juge effectivement trop jeune (même si ceux seraient plutôt tentés !).
    J’ajouterais peut-être des situations angoissantes, qui pourraient être inadaptées au jeune public. AH OUI : il parait qu’il a été filmé pour Imax ! Là aussi j’aurais bien aimé le voir dans ce format là, mais les villes ayant des cinémas compatibles sont trop lointaines géographiquement.

    Je posterais aussi mon impression d’après film 🙂
    Mais déjà je suis impatient de lire les autres commentaires !

  2. Stéfan dit :

    Avis flash-éclair après visionnage : Interstellar totalement kid-safe à 10 ans (il l’est plus que Gravity). Peut-être même avant 10 ans. Par contre l’intérêt est probablement très variable selon goûts de l’enfant.
    Avis détaillé samedi dans la journée, sur cet article.

  3. Stéfan dit :

    Article mis à jour suite à mon visionnage du film.

  4. Stéphan dit :

    Salut !
    Petit commentaire suite au visionnage du film hier.
    Pas d’accord avec la notion de « kid safe » évoquée.
    Mon problème : un film qui se prend au sérieux et qui ne permet à aucun moment aux enfants de relâcher la pression durant les 3h !
    On cherche désespérément C3Po ou R2D2 dans Tars qui est plutôt une évocation concrète du HAL de 2001… Assez inquiétant ! Pas une tête très avenante d’ailleurs… Pas de rythme, une ambiance mortifère avec une humanité et une planète condamnées… Un film très prétentieux qui se prend la tête selon moi…
    L’idée des trous de vers était sympa mais on ne croit pas 5 mn aux planètes en orbite à 2 pas d’un trou noir géant… Du bullshit pseudo-scientifique pour habiller.
    Pas du tout un « feel good movie » quoi, et encore moins pour les minots !

    • Stéfan dit :

      Salut Stéphan, merci pour cet avis.
      Sur le bullshit scientifique, tout le monde n’est pas de ton avis, voir par exemple cet astrophysicien interrogé par Télérama, qui indique que dans l’ensemble ça se tient (modulo les astuces hollywoodiennes bien sûr) : http://www.telerama.fr/cinema/bluffant-et-chimerique-interstellar-vu-par-un-astrophysicien,118998.php

      Sur la planète et l’humanité condamnées : je ne trouve pas totalement inutile que de temps en temps on montre dans des films ce qui aura certainement lieu si on continue sur la lancée actuelle de consommation des ressources. Même pour des enfants, le message est important.

      Je ne trouve pas le film aussi stressant que Gravity, qui ne contient pratiquement aucune trace d’humour. Bien entendu je n’ai pas dit que c’était un feel good movie, mais les enfants doivent ils ne voir que du feel good ? A partir de 10 ans, je ne le pense pas.

      Mais bien sûr, comme tous les autres avis sur les films et les enfants, c’est à ajuster selon ce qu’on sait de nos propres enfants ! Moi je sais que je pourrais le montrer sans aucun souci à mon fils de 9 ans, parce qu’avant ça il a vu d’autres choses. C’est un parcours, il faut une certaine cohérence, c’est tout.

  5. Lau Bern dit :

    Bravo pour cette présentation, et merci ! (j’y foncs avec mon fils de 10 ans)

  6. Paon_Blanc dit :

    Je suis « tombée » sur ce site en cherchant s’il était possible d’emmener ma fille de 10 ans le voir. Je suis d’accord avec le côté « safe », pas d’images choquantes effectivement, mais le contexte pas franchement à la rigolade peut angoisser un enfant. Et on a bien pleuré aussi !

    • Stéfan dit :

      Oui, il ne faut pas oublier que c’est un drame, avant tout, ce film. Ce n’est pas une comédie ou un mélange action/comédie type Gardiens de la Galaxie.

      Mais il y a quand même quelques touches d’humour ironique (principalement avec Cooper et le robot Tars), pour les enfants sensibles à cet humour ça permet d’alléger un peu l’angoisse.

      Je trouve Interstellar moins angoissant, pour des enfants, que les deux derniers volets de la saga Harry Potter, et donc plus approprié, contrairement à ce qu’on pourrait penser compte tenu de l’image respective de ces différents films.

  7. batidacoco dit :

    C’est un film pour adulte. L’enfant n’a pas à être devant un film qui dure 2h50. Ca n’a aucun intérêt. Surtout il n’a pas la psychologie pour comprendre le sujet métaphysique de l’espace temps élaboré dans le film. Pire, cela pourrait engendrer des angoisses. Certes pas de réelles scènes violentes, mais le voyage dans l’espace (rapide, trou noir, …), la problématique de la mort, de l’absence, ne sont pas des sujets pour enfant, surtout que c’est adressé à un public adulte. Laissez vos enfants grandir à leur rythme, avec des films adaptés à leur âge. Ils auront bien le temps ado de regarder ces films. Avant 12 ans, aucun intérêt d’amener un enfant voir un film de cette longueur. Aucun.

    • Stéfan dit :

      Merci pour votre commentaire qui confirme ce que j’indique dans l’article, dès le début :

      « Interstellar peut être apprécié à partir de 9-10 ans, mais sous certaines conditions. L’enfant doit :
      – Etre tolérant à la lenteur et à la longueur dans les films. Interstellar dure 2h49 et son rythme est globalement assez modéré. Si votre enfant ne s’ennuie pas devant la trilogie du Seigneur des Anneaux ou du Hobbit, ou devant les films du studio Ghibli les moins intenses comme Totoro ou la Princesse Kaguya, alors cette condition est validée.
      – Avoir un certain intérêt pour la science-fiction, l’espace, les robots, les vaisseaux. Si votre enfant aime Star Wars, c’est bon.
      – Etre capable d’apprécier (à défaut de tout comprendre, ce qui est mieux, mais pas forcément possible à 7-8 ans) les histoires alambiquées, notamment où le scénario utilise la dimension temporelle. Condition validée si votre enfant a aimé et à près compris la trilogie Retour vers le Futur. »

      Donc effectivement, comme vous le rappelez, un enfant intolérant aux films longs, ou pas intéressé par l’espace et la science-fiction, ou pas capable d’apprécier les jeux scénaristiques à base d’espace-temps, a de fortes chances de ne pas apprécier Interstellar.

      En revanche je ne suis pas d’accord avec vous sur la règle universelle que vous formulez selon laquelle aucun enfant ne devrait voir de films de près de 3h. Bien sûr, ceci nécessite un apprentissage progressif, on ne passe pas d’épisodes de Petit Ours Brun de 5 minutes au Seigneur des Anneaux (2h58) du jour au lendemain.

  8. Aloïce dit :

    Bonjour,
    En effet, il n’y a pas de règles universelles existantes quant aux capacités des enfants à voir tel ou tel film (Qu’il dure 1,2 ou 3 heures). Chaques enfants est différent et certains sont bien plus mature que l’on ne pense. Tout comme par la suite, des adultes ne supportent pas certaines choses que des enfants/adolescents supporterai sans aucun problème. Il faut bien connaître son enfant, connaître ses gouts, ses angoisses … Il peu avoir 10 ans, être très intéressé par le thème d’interstellar, et avoir un regard (certes d’enfant) mais objectif sur le film. Tout comme en avoir 14 et préférant un film moins profond, moins long … Etc. Pour finir je ne pense pas qu’il y est vraiment d’âge fixe (10 ou 12 ans, c’est un âge ou on n’évolue pas de la même manière) et je pense qu’il peu y avoir un intérêt à aller voir un film.

  9. SIFFERLIN Stephane dit :

    Merci pour votre avis qui nous a permis de regarder ce film en famille avec les enfants.
    Sans vos commentaires précis et utiles nous n’aurions sans doute pas osé y emmener notre plus jeune fille
    excellent moment

  10. Hodor dit :

    Bien-sure, interstellar n’est pas un film d’horreur à suspence ou à frisson, un enfant de 7 – 8 – 9 ans peu le regarder sans etre traumatiser (la seule scène de fight n’est pas extrement violente), mais il risque de s’ennuier par sa lenteur et son sérieux scientifique, OU, celon l’enfant en question, etre émerveiller par le paysage spatiale, son histoire finale suréaliste et aussi celle du père et de sa fille.
    Moi perso, j’ai toujours mon âme d’enfant et interstellar est l’un de mes films préférer, il est très long mais on décroche rarement, puis quand on arrive à la fin, c’est juste grandiose.
    On peux regarder interstellar avec ses enfants sans aucun problèmes de violence visuel qui peuvent heurter la sensibiliter, mais l’enfant doit en revanche tenir les 3 heures… Bonne chance pour ça.

  11. Chrstopher dit :

    lol! Tu sous-estime l’intelligence des enfants…

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