Interview : David Lowe, le scientifique fou des Cobayes

Dans On n’est pas que des cobayes, l’émission ludo-éduco-scientifique de France 5, il est le savant Britannique en blouse blanche. Co-créateur du Patator, le canon à patates, diplômé de la prestigieuse Oxford et clown professionnel, David Lowe nous parle de la science vue à la télévision et au cinéma, de l’attrait des enfants pour la science, de ce qui l’a amené sur la voie qu’il a suivi. Enjoy !

Mon fils de 5 ans adore « On n’est pas que des Cobayes » (notamment toi, sûrement grâce à la blouse blanche et au charmant accent anglais !). Il est scotché devant chaque épisode. Quel est le secret des Cobayes pour captiver les enfants, y compris les plus jeunes ?

Les enfants ont une soif innée de comprendre. Pour eux la science est une aventure, pas un fardeau. Tout ce qui amuse les enfants – et qui plait à beaucoup d’adultes ! – cache un peu (parfois beaucoup) de science : le skate-board, le surf, le cinéma, la cuisine, les ordinateurs… Il y a aussi beaucoup de travail derrière l’émission des Cobayes. Personnellement je suis très à l’aise devant la caméra, car je ne triche pas. J’aime penser que je dégage une sorte d’intégrité. Parfois, comme hier lors d’un tournage sur lequel j’étais obligé par le scénario de ne pas dire ce que je pensais vraiment, je me suis dit « plus jamais » ! Doctorat en physique nucléaire, formation de clown et comédien, musicien, père de cinq enfants, mari, auteur, metteur en scène, réalisateur… Avec le temps j’ai acquis de l’expérience, que je mets à contribution dans l’émission.

Il n’y a pas beaucoup de films à gros budget sur les grands scientifiques (Copernic, Newton, Einstein…), alors qu’on en voit régulièrement sur des sportifs, des artistes ou des personnages politiques. Qu’en penses-tu ? La science n’est pas un bon sujet de cinéma ?

Un homme d'exceptionLes littéraires se vantent parfois du fait qu’ils ne comprennent pas les maths ou les sciences, comme si c’était une sign de sensibilité, une qualité. Pour moi c’est une signe d’ignorance. Il y a bien eu quelques films sur les scientifiques, comme Une merveilleuse histoire du temps sorti l’année dernière, sur Stephen Hawkin qui intrigue en tant que personnage (le cerveau génial dans un corps malade). Il y a eu également des films comme Un homme d’exception, sur le mathématicien et économiste John Forbes Nash Jr., ou encore le fim Pi. Les maths et les mathématiciens intéressent.

De façon générale, je ne suis personnellement pas un grand fan de biopics. Par contre, dans la fiction, on trouve beaucoup de films construits sur une base scientifique, comme les James Bond et beaucoup de films d’aventures. Et bien sûr, la science-fiction et l’anticipation, avec Gravity, Star Wars, Inception, Interstellar, Blade runner, etc., même si la validité scientifique est parfois douteuse.

Comment t’es venu l’attrait pour la science ? Y a t-il un souvenir d’enfance, une expérience scientifique que tu as faite, un livre que tu as lu, qui t’as particulièrement marqué ?

Le petit David Lowe

Le petit David Lowe, fan de maths

Je voulais savoir la vérité. Ca peut sembler pompeux… J’ai d’abord été attiré par la science. J’aimais les maths à l’école parce qu’on pouvait avoir 20/20. En maths, à chaque problème il y a une solution. Vous trouvez la bonne réponse, le problème est résolu ! Il y a quelque chose de satisfaisant. C’est beaucoup plus difficile d’avoir 20/20 en histoire-géo ! Et puis ça aide d’avoir un prof qui ne vous dégoûte pas trop. Après la science, j’ai été attiré par l’art – la musique en particulier – puis je suis revenu à la science, surtout pour le côté métaphysique.

Après un doctorat en physique nucléaire puis un travail dans la recherche, tu as décidé de devenir clown. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cet étonnant tournant professionnel ?

J’ai fait mes études à Oxford. C’est un endroit particulier qui prend les meilleurs et qui les éduque – on n’y reçoit pas une formation mais une éducation. On sort de là un peu fou mais doté d’un esprit. Oxford, c’est le berceau des premier ministres britanniques, mais aussi des Monty Python, de Mr. Bean, de Dr House… Etre éduqué à Oxford vous donne la capacité de voir le monde comme un individu, d’avoir une vision. David Cameron et Rowan Atkinson ont chacun des visions du monde, qu’ils interprètent pour nous, à leur façon. En France, on ne trouve pas beaucoup d’artistes sortant de l’ENA… « Politics is show business for ugly people ! »

Rowan Atkinson, un autre diplômé dOxford

Rowan Atkinson, un autre diplômé d’Oxford

Ce double cursus, d’abord dans la science pure et dure, puis dans le divertissement, reflète bien l’esprit des Cobayes, ou d’émissions anglo-saxonnes qui rendent la science spectaculaire, comme Myth Busters. La combinaison de la science et de l’amusement est essentielle, pour toi ?

Oui, là encore c’est une vision du monde. Parfois il faut mettre quelque chose à l’envers pour le voir différemment, et être ainsi capable de le comprendre. Dans les Cobayes, j’essaie de faire une sorte de happening de chaque interview, où la personnalité de la personne interviewée est mélangée avec son sujet de prédilection. Je ne peux pas m’empêcher de faire des blagues. La loi fondamentale de l’univers pour moi est celle de l’arroseur arrosé. Le clown n’est pas seulement un monsieur avec un nez rouge. C’est l’homme qui porte sur ses épaules le ridicule de l’être humain pour nous rendre moins bêtes.

Tu vis en France mais tu es d’origine britannique. Vois tu des différences importantes, entre la France et la Grande-Bretagne, dans la façon dont le goût de la science est transmis aux enfants par les médias ?

C’est beaucoup plus évolué et développé en Angleterre. Ce n’est pas basé seulement sur une approche journalistique : en France, de même que tous les politiciens ont fait l’ENA, pratiquement tous les présentateurs télé sont à la base des journalistes, avec les mêmes formations de journalistes. Pour faire aimer la science par le biais de la télévision et des médias, il faut pouvoir incarner ce dont on parle. Il faut vivre les découvertes, les expériences, et pas seulement les commenter de l’extérieur en spectateur… Et quand on y ajoute de l’humour, ça ne doit pas être aux frais de l’autre.

En France, les filles s’orientent moins facilement que les garçons vers les études scientifiques. Est-ce un choix volontaire, un message, que ce soit une femme – Agathe – qui dirige les opérations dans les Cobayes ?

Pour résoudre un problème, ça aide beaucoup d’avoir le point de vue féminin sur l’affaire. Je vois les femmes et les hommes comme des êtres complémentaires, capables de couvrir tous les aspects d’un sujet. Pourquoi s’en priver ?

Et sinon, il est sympa, James des Cobayes ?

James est le grand silencieux, immuable, multiforme, renouvelable.  Celui qui réfléchit tellement avant de parler, qu’il ne parle pas.

Un grand merci à David pour le temps accordé aux lecteurs de Geek Dad Power. Que les Cobayes continuent encore longtemps d’éduquer toute la famille aux sciences en amusant !

On n’est pas que des Cobayes, c’est tous les vendredis à 20h40 sur France 5, avec des rediffusions le dimanche à 19h00, et bien sûr en replay sur France TV Pluzz. Tous les détails, les émissions passées, le forum, les fiches expériences : c’est sur le site officiel de l’émission !

2 réponses

  1. Guillaume dit :

    Perso je ne suis pas en spectateur assidu de cet émission… J’ai eu l’occasion de voir celle consacrée aux armures de chevalier il y a un bout de temps. Etant moi-même médiéviste amateur, j’en fus très déçu : un ensemble de poncif, de représentations erronées et de mélanges d’époques qui font sacrément baisser l’image de rigueur scientifique de l’individu.
    Mais bon, je suis peut-être tombé sur le mauvais épisode ! Je n’en démords pas : rien ne vaut « C’est Pas Sorcier » 😉

  2. Duinhir dit :

    C’est une excellente émission de vulgarisation, qui est donc obligée de prendre certains raccourcis. C’est un peut toujours la délicate balance de ce genre d’activités, ne pas assommer les gens, mais leur apporter quand même des nouvelles choses, une ouverture d’esprit. On ne devient pas scientifique en regardant les cobayes (ou l’excellent c’est pas sorcier), mais on peut en tirer l’envie de le devenir

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