Prisonnier Riku : Prison Break, en plus rigolo et en manga
Ca fait longtemps qu’on n’a pas parlé de manga, ici, vous trouvez pas ?
Une des plus grosses séries shonen des années 2000 a pris fin l’année dernière : Naruto. Personnellement je n’ai pas vraiment été embarqué, j’ai dû lire les 1 ou 2 premiers tomes, mais la mayonnaise n’a pas pris. Complètement l’inverse de One Piece, qui m’a aspiré dès le départ. Naruto s’est terminé en 72 tomes. One Piece en est à son 76ème, qui sortira début septembre en France. L’auteur, Eiichiro Oda, a laissé entendre, dans un message publié dans le tome 50, qu’il était plus ou moins à la moitié de l’histoire. On peut donc supposer qu’il y aura au moins 100 tomes, soit, à raison d’une sortie tous les 2 mois, encore au moins 4 ans de nouveaux volumes des aventures de Luffy et son équipage.
De ce que j’ai lu de Naruto, j’ai eu le sentiment que ça pouvait très bien convenir à de jeunes lecteurs, à partir d’environ 8 ans (peut-être que les tomes que je n’ai pas lu vont dans une autre direction, je ne sais pas). Concernant One Piece, la kid-compatibilité est garantie ; bien entendu, il y a de la baston, comme dans tout shonen. Mais moins, en proportion, que dans Dragon Ball Z. L’histoire est par ailleurs plus riche, plus variée, il y a beaucoup de personnages rigolos, et l’ensemble est très agréable à lire. Seul vrai obstacle pour des enfants : la longueur de la série. Pour un lecteur qui se lance aujourd’hui, en 2015, dans la série, rattraper les parutions et donc lire les 76 tomes (surtout quand on n’a pas encore un très haut débit de lecture), ça peut s’avérer laborieux.
Mais au delà de ces deux piliers des années 2000 que sont Naruto et One Piece, que lire aujourd’hui, dans cette fameuse catégorie des shonen ?
Voici une première suggestion : Prisonnier Riku. Lancée en France fin 2014 par les éditions Akata (2011 au Japon), Prisonnier Riku en est aujourd’hui à son 11ème tome (23 au Japon). Le rythme de sortie est actuellement très rapide (légèrement supérieur à un tome par mois), le temps de rattraper la publication japonaise et repasser sur le rythme classique d’une sortie tous les deux mois.
La plupart des mangas ayant comme thème l’univers carcéral ou l’enfermement sont à ranger au rayon seinen, donc pour les ados et les adultes mais pas pour les enfants. Prisonnier Riku est en revanche un pur shonen, dont il reprend tous les ingrédients du shonen classique, avec l’évasion comme quête du héros, Riku. Ce dernier est un garçon de 13 ans, emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis, dans un Japon légèrement futuriste dont la transformation a été accéléré par la chute d’une météorite sur Tokyo. Le petit Riku a grandi dans un bidonville, et a développé une force de caractère surhumaine. Il n’abandonne jamais. C’est là son seul et unique super-pouvoir. Comme Sangoku dans Dragon Ball ou Luffy dans One Piece, c’est un héros qui a priori n’a pas l’air spécialement costaud, mais qui va tout faire pour atteindre son objectif, et entraîner avec lui divers compagnons qu’il va rencontrer au fil de ses aventures.
Prisonnier Riku est légèrement moins kid-compatible que One Piece. D’une part parce que le héros est un enfant, donc (un peu comme dans Harry Potter), l’identification peut être plus forte, et donc les scènes plus impressionnantes (surtout quand Riku se fait tabasser, ce qui n’est pas rare). Certains passages, bien que très courts (1 ou 2 images) sont un peu durs : broyage d’une dent, arrachage d’un ongle… Des petites scènes de torture carcérale, le genre d’image qu’on ne trouve pas dans un One Piece ou un Dragon Ball. Ce n’est pas bien méchant, mais à l’inverse d’un film où on peut fermer les yeux, devant un livre – paradoxalement – on contrôle moins ce qu’on voit, toutes les images s’imposent aux yeux.
Les scènes de combat sont légèrement plus explicites que celles de One Piece, en tout cas plus réalistes – pas de super-pouvoirs des fruits du démon, pas de cosmo-énergie ou de kamehameha : de la baston de prisonniers qui n’ont que leurs poings et leurs pieds. L’histoire est limpide avec un bon dosage texte/dessin, il y a beaucoup de personnages positifs (sans que ce ne soit un ramassis de niaiseries), le dessin est très agréable – plus léger que celui de One Piece qui est parfois chargé sur certaines scènes, et un peu plus dans l’esprit du dessin de Dragon Ball (avant le Z) ou des autres mangas des années 80. Le personnage de Riku est très attachant, et les séquences sont assez variées (du moins pour l’instant, sur 10 tomes lus), prouesse de l’auteur puisque pratiquement tout (hormis les flashbacks) se passe dans un seul et unique lieu fermé. Les arcs narratifs ne sont pas trop longs, et permettent de faire progresser l’histoire doucement mais sûrement. Et, comme dans tout bon shonen, l’équilibre entre humour, action, émotion et grandiloquence de l’aventure est parfaitement dosé. Même si le fond de l’histoire est dramatique, il y a beaucoup de passages légers – ne pas se fier aux couvertures qui donnent l’impression qu’il n’y a que de la baston et des personnages en colère qui ne rigolent jamais. Pour moi Prisonnier Riku est le coup de coeur manga de ces derniers mois.
Pour toutes les raisons précédemment indiquées, je pense que c’est kid-compatible à partir d’environ 10 ans. En dessous de 10 ans, je conseille aux parents de jeter un coup d’oeil avant, afin de vérifier que c’est bon, selon la sensibilité de l’enfant.
Il est possible de lire ici gratuitement (et légalement) les 60 premières pages du tome 1 de Prisonnier Riku. Disponible dans toutes les bonnes librairies, et bien sûr sur Amazon ; 6€95 par tome, 10 tomes disponibles, bientôt 11.
A suivre un de ces jours : un avis avec évaluation de kid-compatibilité sur Toriko, un autre shonen lancé relativement récemment en France, et qui dépote bien. Action, humour et aventures dans un monde où tout tourne autour de la bouffe.
Effectivement c’st plutôt pas mal. J’ai lu les 4 premiers tomes et c’était sympa mais j’ai un peu peur que ça tire en longueur. Ca sent un peu trop le manga qui va nous trouver un adversaire de plus en plus fort sans vraiment sortir de la prison au final…. un peu trop Dragon ball pour les adultes en gros 😉 Mais effectivement pour les 10-14 ça très bien
J’en suis au 10ème, et je n’ai pas constaté ce phénomène d’adversaires de plus en plus forts. Certes les adversaires se succèdent, mais leurs différences ne se situent pas dans la difficulté à les vaincre. C’est plutôt dans leurs histoires, et ce que Riku va obtenir d’eux, que se trouve l’évolution. Et ça c’est vachement bien. Pas du tout comme Dragon Ball Z, en somme, mais plutôt que Dragon Ball (tout court).
A l’approche du 11ème tome en tout cas je suis toujours convaincu de la qualité de cette série. Et je pense qu’une fois l’arc narratif géant de la prison terminé (puisque je suppose que l’évasion finira bien par avoir lieu), l’auteur a largement de quoi varier les plaisirs, avec la petite ville qui est sur l’île de la prison (évoquée dans un des tomes), puis un probable retour sur la terre ferme pour – j’imagine – l’affrontement contre le préfet ripou.
d’accord avec la kid-compatibilité…jusqu’au tome 10. Car les séances de torture, j’avoue que ça me gène un peu de montrer ça à des enfants de cet âge là…Pour le reste, excellent titre et bel article!
Oui, les séquences du tome 10 avec les ongles sont très dures, moi-même j’ai eu du mal.
Il faut voir si c’était ponctuel (auquel cas on peut laisser lire l’enfant tranquillement jusqu’au tome 9, et ensuite on avise, par exemple on lit avec lui le chapitre en question, ou lui dit qu’il faut le sauter parce qu’il est trop violent pour son âge…), ou si au contraire ça revient dans les tomes suivants (auquel cas il faudra attendre quelques années… ce qui n’est pas forcément un problème, il y a tellement d’autres bons mangas à lire à 10 ans !)