Un petit tour au Tokyo Toy Show 2017

Cette semaine, alors que je jette subrepticement un coup d’oeil à la vitrine du minuscule magasin Games Workshop dans la rue qui relie notre immeuble à la gare la plus proche, une affiche ultra-colorée attire mon attention. « International Tokyo Toy Show« , dit-elle. Renseignements pris sur internet, j’apprends que c’est le salon annuel du jouet de Tokyo, organisé par la Japan Toy Association et la métropole de Tokyo, avec le soutien du Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, et qu’il se tient du 1er au 4 juin. Les deux premiers jours – jeudi et vendredi – sont réservés aux professionnels. Les deux derniers, samedi et dimanche, sont ouverts au public.

Et c’est ainsi que nous voilà, E. (12 ans) et moi, vers 10h30 ce matin, à bord du train qui nous mène à Tokyo Big Sight, le principal centre d’expositions de Tokyo, situé sur la presqu’île artificielle d’Odaiba, au sud-est de la baie de Tokyo. 50 minutes plus tard, nous y sommes.

L’entrée de l’expo est gratuite. Comme d’habitude, tout est parfaitement organisé et fléché, dès l’entrée de l’immense Tokyo Big Sight. A chaque intersection, un employé armé d’un panneau et/ou d’un mégaphone oriente le flux de visiteurs dans la bonne direction.

Et c’est ainsi qu’après être passés à côté d’une zone de stationnement de poussettes parfaitement respectée malgré l’absence de barrière physique (vous imaginez la même chose en France ?), nous nous retrouvons dans la file d’attente pour la première zone, celle d’un des deux géants Japonais du jouet : Takara Tomy. Le salon est organisé en trois parties : la zone Takara Tomy à droite, avec son entrée et sa sortie bien définies, la zone Bandai à gauche, organisée de la même façon, et au milieu, des dizaines de stands plus ou moins indépendants.

Etant passé au salon du jouet de Paris il y a quelques années, un salon blindé de monde dans lequel il était pratiquement impossible d’accéder au moindre stand, j’avais un peu peur que nous nous retrouvions au milieu d’une foule ultra-compacte avec des files d’attente interminables partout (les Japonais sont beaucoup plus forts que nous en tolérance à la file d’attente). Finalement, peut-être le problème de natalité du Japon réduit-il l’intérêt du public pour un tel événement : la densité était bien moins difficile à supporter qu’à Paris, et à part pour l’accès aux zones Tomy et Bandai (quelques minutes d’attente), et un ou deux stands assiégés (dont Toio de Sony), le Tokyo Toy Show se parcourt sans grande difficulté. J’imagine que l’organisation à la japonaise permet également, sans que nous ne nous en rendions compte, de mieux gérer la foule. L’ensemble nous a pris environ 3 heures. La vidéo ci-dessous donne une idée de l’ambiance générale dans les zones Tomy et Bandai (les plus bruyantes et peuplées).

Voici, en quelques photos, ce que nous y avons découvert (ou redécouvert, car les vraies nouveautés étaient en fait assez rares).

Les trucs kawaii

On va commencer par les trucs mignons, comme ça on est débarrassés.

Présents en embuscade à peu près partout, ils se matéralisent sous la forme de peluches Nintendo (ci-dessous Animal Crossing, Splatoon et Pokémon – étaient également exposées de nouvelles peluches Kirby et Zelda, qu’il était interdit de prendre en photo car elles ne sont pas encore commercialisées, imaginez que des Chinois mal intentionnés en fassent des copies à partir de mes photos), de trucs à base d’animaux aux grands yeux, ou encore sur des écrans de présentation de nouvelles Magical Girls chantantes et dansantes. Ah, au fait, les Tamagotchi sont de retour, pour leur vingtième anniversaire, avec un nouveau concept : l’hybridation (vous choisissez un papa et une maman Tamagotchi, et vous obtenez un bébé dont le look est la combinaison des looks des parents). Au menu également, un étrange concept de peluche contenue dans un oeuf, qui éclot lorsqu’on le caresse suffisamment longtemps ; le truc c’est que l’oeuf est réellement friable, donc une fois qu’il a éclot, c’est fini, il ne vous reste plus que la peluche pour pleurer.

Les indécrottables Tsumtsum Disney sont également de la partie, avec une énième itération : ils reviennent cette fois sous forme de boules de glaces en plastique (si si). Y aura t-il une forme sous laquelle les Tsumtsum ne se matérialiseront pas ?

Ah, et il y avait ça, aussi :

https://www.instagram.com/p/BU6hzaPlrtO/?taken-by=nipponboomerang

Les trucs WTF?!

Quelques jeux et jouets dont on se demande comment l’idée est venue à leurs créateurs. Commençons par ce jeu de catapultes à chats. Concept excitant sur le papier, malheureusement un peu décevant en pratique car il est très difficile de viser quand on lance des chats.

Citons également, en vrac, les statuettes de chien en position « je fais caca sur le trottoir », la grosse saucisse en plastique (je n’ai pas compris comment on joue avec, et je n’ai pas osé regarder trop fixement les deux jeunes filles qui étaient plus ou moins chargées de la chorégraphie de démonstration, mais dont on voyait bien dans leur regard qu’elles avaient compris qu’il y avait un message suspect dans cette énorme saucisse manipulée par leurs mains délicates), le poulpe géant à la bave lubrique (non mais regardez le), ou encore les lamas à visage de singe (à collectionner).

Les miniatures à collectionner

Le Japon aime la miniature et le Japon aime la collection. On trouve donc logiquement sur de nombreux stands des figurines et autres machins miniatures à collectionner. Depuis les robots de combat à la nouvelle mode des maquettes de bonsaï (pratique : ne crève pas du fait de votre incompétence à l’entretenir), en passant par les nombreuses gammes de décors miniatures (pièce avec son mobilier) et les figurines Warhammer 40000, dont la commercialisation est ici adaptée au client japonais, qui parfois aime la surprise et la découverte : vente de figurine à l’unité, avec sa carte personnage, dans un packaging unique et opaque ne permettant pas de savoir quelle figurine on achète (type figurines Lego à collectionner).

Gamme miniature visiblement en plein développement, sans doute parce qu’elle est parfaitement adaptée (et même conçue pour ça) à la photo de jouet, très en vogue sur Instagram et ailleurs : PoseSkeleton. Il s’agit de figurines de squelettes aux articulations particulièrement flexibles, permettant de faire prendre à la figurine des poses très expressives. Et bien entendu, on peut acheter des tonnes d’accessoires adaptés et à l’échelle, depuis la guitare électrique rose jusqu’à la chambre japonaise traditionnelle avec ses tatami et sa table basse.

Les trucs à base de mangas et dessins animés (et un peu de jeux vidéo)

Bon, alors là il y a le choix, pour tous les âges. Figurines One Piece ou Ultraman, jeux et jouets AnPanMan pour les plus petits, robots Transformers, trading card game Super Dragon Ball Heroes, tout un tas de trucs inutiles Pokémon à collectionner, une dose de gashapon (avec en vitrine la collection sans doute complète des premiers gashapon Muscleman de 1983), un stand entier dédié à Godzilla (t-shirts, figurines solaires, boules à neige…), sans oublier les inévitables maquettes Gundam (copieusement prises en photo par des hordes de fans dont la moyenne d’âge me semblait plus proche de celle de salarymen que de collégiens ou lycéens). Signalons également de jolis dioramas Ghibli (Kiki la Petite Sorcière et le Château dans le Ciel), dont je n’ai pas bien compris s’il y en aurait d’autres.

Côté Yokai Watch, on ne lâche pas l’affaire. Surfant sur le succès des jeux vidéo et du dessin animé depuis maintenant quelques années, Bandai sort un nouveau bidule électronique, dont nous n’avons absolument rien compris malgré une démonstration juste sous nos yeux. En gros, c’est une sorte de pistolet avec une cartouche transparente, dans laquelle des lumières s’allument de différentes couleurs et les sons varient selon les disques Yokai que vous mettez dedans. Voilà voilà. Vous nous direz ce que c’est vraiment quand ça sortira en France, merci d’avance.

Une bonne dose de produits dérivés de créations japonaises, donc, mais n’oublions pas Minecraft, qui avait un stand dédié à ses produits dérivés – de la figurine au sac à dos en passant par les épées pixellisées à l’échelle 1:1.

Star Wars !

Si je n’ai pas parlé de Star Wars dans la section précédente, c’est que la présence de la saga galactique au salon mérite une section dédiée. Très populaires au Japon, les jouets Star Wars se déclinent sous différentes formes et pour différents publics.

Tomy distribue les figurines Hasbro, et présente sur le salon la nouvelle vague Black Series 6 pouces (dédiée aux personnages de l’Episode IV) – qui n’en porte plus le nom mais qui est bien à la même échelle et avec la même finition – à mi chemin entre la figurine de base et la figurine de collection. Mais ça ne suffit pas au public japonais atteint de collectionite aiguë. Tomy propose donc aussi toute une série de petites figurines à collectionner, souvent de qualité moyenne (peu ou pas d’articulation, finition pas géniale), ou encore des croisements entre ses petites voitures Tomica et les personnages Star Wars (à la manière des Hot Wheels Star Wars).

On monte d’un cran dans la qualité (et le prix) avec les figurines S.H.Figuarts et les Movie Realization de Tamashii Nations. Je n’avais jamais vu ces figurines avant d’arriver au Japon l’année dernière, et j’en reparlerai dans un autre article. Parfaitement articulées, très détaillées, à une échelle proche de celle des Black Series, les S.H.Figuarts coûtent plus cher que les figurines Hasbro classiques – environ 4000 à 5000 yens pour un Stormtrooper, soit entre 35 et 45 euros – mais pour de la photo ou pour exposer, elles sont excellentes. Les Movie Realization quant à elle sont de superbes versions samouraïs des personnages de Star Wars – Dark Vador en tête, mais aussi Boba Fett et les divers soldats de l’Empire. J’en reparlerai.

Enfin, plus chères, plus grandes, et pour exposer derrière une vitrine plutôt que pour faire joujou, ces figurines ultra-réalistes (cf. les visages de Rey ou Fin), parmi lesquels on trouve un magnifique Stormtrooper doré en édition limitée – bien entendu déjà sold out.

Les jeux de société

Moins présents que les jouets, les jeux de société étaient tout de même de la partie. Un stand était dédié aux jeux occidentaux, comme l’excellent Aventuriers du Rail, Dobble ou d’autres classiques bien connus dans nos contrées – au packaging et aux instructions adaptées pour le marché japonais. Au hasard des stands, on pouvait également tomber sur divers jeux comme Blokus, Uno ou l’exotique (pour des gaijin comme nous) Scotland Yard Edition Tokyo. Dans la zone Bandai, étaient présentés les version 2017 de classiques, comme le jeu des taupes (40ème anniversaire, 6ème édition) ou un jeu de chasse aux fantômes des années 80, mis au goût du jour avec des fonctionnalités de réalité augmentée sur smartphone/tablette.

Les trains (et quelques voitures)

Le marché du train-jouet pour enfant est ultra-dominé par Tomy, avec sa gamme Plarail (dont j’avais parlé dans cet article il y a quelques temps). Indémodable, peut-être plus populaire ici que les Lego, Plarail trône toujours en très bonne place dans les magasins de jouets, et Tomy n’a qu’à l’étendre un peu chaque année avec de nouveaux modèles. Au menu pour 2017, après le grand n’importe quoi des Shinkansen transformables en robots l’année dernière (photo ci-dessous, en haut à droite), on trouve les rames Marvel Iron Man ou Spiderman, une nouvelle gare interactive, et quelques nouveautés dans la gamme Thomas (je trouve ces trains aux visages humains toujours aussi laids, mais visiblement je suis le seul parce que les enfants ne pleurent pas en les voyant).

Mais la vraie nouveauté pour Tomy en matière ferroviaire, c’est surtout Tomix : des trains à rails métalliques, alimentés par un transformateur. Gros changement, puisque les trains Plarail classiques roulent avec des piles embarquées dans la locomotive, sur des rails en plastique. La nouvelle gamme Plarail est plus petite (l’échelle semble proche de l’échelle de modélisme N), et les locomotives sont équipées d’une caméra qui permet de retransmettre la vue du conducteur vers une tablette ou un smartphone. La bonne nouvelle, c’est que les prix sont largement plus raisonnables que ceux des trains électriques miniatures pour adultes. Je connais un sapin de Noël qui va sans doute être équipé en décembre prochain…

Côté petites voitures, Hot Wheels a beau chercher à s’installer, c’est également Tomy qui est le leader incontesté, avec sa gamme Tomica, qui accueille régulièrement de nouveaux véhicules (dont des voitures Tsumtsum, tiens donc), garages et éléments comme cette année cette rampe motorisée qui permet de créer des circuits à mouvement perpétuel.

Les jeux éducatifs ou d’adresse

On trouve au Japon un bon paquet de jeux d’adresse et de précision pour les tout petits. Sans doute une technique secrète pour initier à la patiente et à la minutie, qu’on retrouve dans le comportement de beaucoup de Japonais adultes. Une sous-catégorie de ces jeux est celle des jeux d’entraînement à la manipulation des baguettes ; on en trouve de différentes sortes et différentes licences – Pokémon, Doraemon, etc. – toutes plus kawaïi les unes que les autres, avec de minuscules figurines à attraper avec une paire de baguettes.

Les jeux de construction

Autre catégorie de jouets très populaire au Japon, les jeux permettant aux enfants de construire en assemblant des pièces. Etrangement, Lego n’était pas présent sur le salon – la marque est pourtant très présente dans les magasins de jouets japonais (contrairement à Playmobil, pratiquement introuvable). A la place, on trouve son concurrent japonais Nanoblocks (dont j’avais déjà parlé ici), qui était à l’origine spécialisé dans des briques minuscules (environ 4 fois plus petites que les briques Lego), et se développe maintenant sur des tailles plus grandes – plus adaptées pour les jeunes enfants pour qui les Nanoblocks originaux sont beaucoup trop petits.

Ci-dessus, les Nanoblocks classiques, les plus petits. Si les paysages représentés avaient dû être assemblés par des enfants, ça aurait pris plusieurs dizaines d’années. Ci-dessous, les nouveaux Nanoblocks, plus gros, manipulables par un enfant de 5 ans normalement constitué, et dénommés Nanoblocks+.

L’année dernière, Kawada (le fabriquant de Nanoblocks) a lancé une nouvelle gamme : Nanobeads. Très similaires aux perles Hama bien connues en Europe, les Nanobeads ont pour avantage leur packaging rose design (vous avez vu le packaging Hama ?), et des sets pixel-art clés en main basés sur des licences comme Pokémon, Zelda ou – plus récemment – Splatoon. La photo ci-dessous est interdite, j’ai risqué ma vie alors merci de rester plus de 3 secondes dessus avant de scroller vers la suite.

Autre gamme très populaire, les Magformers, qui permettent à partir de formes géométriques de base, de former diverses structures en 3D, qui tiennent debout grâce aux arêtes aimantées.

Dérivé du jeu de construction, le jeu d’assemblage dans lequel il n’est question que d’assembler des pièces selon un modèle prédéfini. En général, plus c’est détaillé et que ça a l’air hyper chiant à monter, plus ça plaît aux Japonais. Ce Godzilla en carton va donc se vendre comme des petits pains.

Toio de Sony : la vraie nouveauté 2017 ?

Seul stand difficile d’accès (ci-dessus la seule photo que j’ai réussi à prendre…), celui de Sony pour sa nouveauté Toio. De mystérieux petits cubes blancs à roulettes, visiblement capables de communiquer entre eux et de réagir à leur environnement. Si la réalité est à la hauteur des promesses des vidéos promotionnelles, il pourrait s’agir d’un jouet très intéressant, car versatile – on peut le décorer un peu comme on veut, avec du papier, des Lego, etc. – et contenant des bases de programmation et de robotique.

https://youtu.be/m6j2cLEwRsY

Et alors, il y avait des enfants, quand même ?

Le taux d’adultes ou de couples présents sur le salon sans enfants avec eux est très frappant. A vue d’oeil, je dirais que moins d’un tiers des visiteurs est ici avec une progéniture. Sur certains stands, comme Sylvanian Families (photo ci-dessous), on voit d’ailleurs que le public cible est désormais un public adulte, collectionneur plutôt que joueur.

Conséquence du faible taux d’enfants sur le salon : l’attente pour manipuler les jouets est très raisonnable (de zéro à deux-trois minutes). Ceci étant dit, il y avait quand même bien quelques enfants ici et là, plutôt des moins de dix ans (je suppose que les autres sont trop occupés à jouer aux jeux vidéo), comme en attestent ces images.

En résumé : c’était sympa, moins blindé de monde que ce que je craignais. E. (12 ans) a bien aimé. Personnellement, j’aurais aimé découvrir plus de trucs à effet waooh, mais j’ai déjà trouvé de quoi m’occuper dans le futur proche : me renseigner sur Toio de Sony, me mettre en quête des figurines Star Wars samouraï (j’ai Dark Vador mais pas les autres), et surveiller les prometteurs trains électriques Tomix. Quant à cette étrange saucisse géante en plastique… On verra bien.

1 réponse

  1. Neitanod dit :

    Yes merci pour cette immersion!
    Très content de ton retour aux affaires

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