L’urbanisme, c’est aussi pour les enfants

Fig.1 – Etoile Noire v2.0

Quels sont les plus gros objets fabriqués par l’homme ?

  • (a) Les stations de combat sidérales, type Etoile Noire (fig.1)
  • (b) Cette chaussure.
  • (c) Les robots géants de combat, comme le robot Gundam installé à Tokyo
  • (d) Les collisionneurs de hadrons (comme celui du CERN qui était censé détruire l’univers à sa mise en service – on attend toujours)

Réponse : aucun des quatre (c’est mon dernier mot Jean-Pierre). En réalité il suffit de regarder par votre fenêtre (ou depuis l’espace) pour voir les plus gros objets conçus par l’homme : les villes. Et ce sont aussi les objets de notre quotidien qui font probablement le moins souvent l’objet d’explication au grand public, à commencer par les enfants. L’urbanisme fait partie de ces quelques disciplines qui concernent tout le monde en tant qu’utilisateur mais dont il est très rarement question dans l’enseignement ou les médias (à part les jeux vidéo, avec les city-builders). Dans les films, la ville sert souvent de décor mais est rarement expliquée ou décortiquée. Et finalement, à part la poignée de gens qui ont suivi des études d’urbanisme, personne ne sait vraiment de quoi il s’agit et comment ça marche (problème finalement assez similaire à celui du manque d’éducation à la programmation).

Fig.2 – Part de la population mondiale vivant en ville en 2010, 2030, 2050. En Europe c’est encore plus marqué : 75% actuellement, 80% en 2030.

C’est alors qu’entrent en scène les ateliers d’initiation à l’urbanisme, comme par exemple ceux qui se déroulent bientôt à Nantes pour les enfants de 4 à 12 ans (Archi’teliers organisés par l’Ardepa, association régionale Pays de la Loire pour la sensibilisation aux questions urbaines). Je suppose que ça existe dans d’autres villes et régions, et je trouve que c’est une excellente idée. Ne serait-ce que parce qu’elle a provoqué l’écriture de cet article.

Étrangement, peut-être par une sorte d’effet Jean-Pierre Pernaut, l’éducation au rural et à la nature (dans laquelle la plupart d’entre nous ne vivons pas) est beaucoup plus développée que l’éducation à la ville. L’un n’empêche pas l’autre, mais ne devient-il pas urgent en 2013 et pour les décennies à venir que globalement les citoyens aient une meilleure compréhension du fonctionnement des villes dans lesquelles ils vivent ? Comment peut-on voter pour un maire si on ne comprend pas un minimum comment fonctionne une ville ? Et comme on n’est jamais aussi ouvert et réceptif qu’enfants, et que dès qu’on quitte la maternité on est en contact avec la ville (avec la poussette qui roule sur le trottoir, puis la voiture qui roule jusqu’à la maison), autant commencer tôt. Surtout si on peut voter à partir de 16 ans.

Car si on veut des super villes futuristes de oufs avec des transports en commun par tuyaux pneumatiques comme dans New New York (ou, même si les chiens et chats avec jetpacks ne sont pas au programme, essayer de prévoir au moins des villes durables), il faudrait peut-être s’y mettre.

New New York

Fig.3 – New New York, env. 3000 après JC.

Bon ok, Futurama c’est en l’an 3000, on a encore un peu de temps pour ça. Mais on a déjà pas mal de retard sur le programme ; il suffit de regarder Hill Valley en 2015 dans Retour vers le Futur 2. Dans 2 ans on aura dépassé la date à laquelle Marty y débarque. Une ville se renouvelle d’environ 1% par an (sauf guerre et reconstruction, là forcément ça va plus vite). Donc pour Hill Valley 2015 comme dans le film, c’est mort.

pharaon

Pharaon, city-builder de l’Egypte Antique

Enfin bref, merci aux associations d’éducation à l’urbanisme d’exister et de monter des actions pour les enfants. Et aussi, n’oublions pas de faire jouer nos enfants à des city-builders (je conseille Sim City 3000 ou 4, et la série Pharaon/Zeus/Empereur), ou tout autre jeu initiant aux concepts d’aménagement du territoire avec un terrain sur lequel on doit installer et gérer des objets fournissant des services à des usagers qu’on ne contrôle pas directement (Roller Coaster Tycoon par exemple, c’est très bien, c’est comme un city-builder avec une skin de parc d’attractions, et la recherche de profit en plus).

Pour finir, un site très bien fait sur la ville, l’urbanisme et l’architecture : Urbanews. Très bien fait parce qu’il y a de l’info mais aussi du fun. C’est un site créé par des étudiants, qui mélange habilement urbanisme et modernité, avec une légère dose de pop-culture par moments (comme cet article sur l’urbanisme de Springfield, celui-ci sur les plans de logements des héros de série TV, ou encore ici un petit topo urbanisme et science-fiction).

3 réponses

  1. Patrick dit :

    Merci pour la citation !

    Effectivement, il y a encore pas mal de boulot pour créer la ville du futur, mais il y a de fortes chances pour qu’elle ne ressemble pas non plus à Futurama ou Hill Valley 2015…

    • Stéfan dit :

      Mais de rien ! Franchement vous faites du super boulot, je travaille dans l’administration sur des sujets liés à l’aménagement, et je désespère chaque jour un peu plus de voir à quel point nous sommes mauvais, en tant qu’organisation, pour donner envie de s’intéresser à des sujets comme l’urbanisme. Donc heureusement que des initiatives comme la vôtre existent !

      Pour la ville du futur, du moment qu’il y a des cabines de téléportation et des robocops, ça me va.

  2. Fred dit :

    Observer les villes via un site c’est bien, les parcourir c’est mieux ! Saint Nazaire a fait le pari d’exposer des oeuvres à l’accès public dans une ville reconstruite ayant une architecture et un urbanisme médiocres. Entre ville port, espaces industriels, plages et hyper centre boosté par les nouveaux quartiers commerçants, laissez-vous surprendre par cette ville qui attire malgré son manque de charme au premier abord. C’est ça aussi l’urbanisme : créer un univers architectural unique à partir de bâtiments sans âme ni esthétique par le biais de l’art contemporain.
    Parcontre je cherche encore les cabines de téléportation ???

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