La Grande Aventure Lego : verdict et âge conseillé
Grâce à une avant-première quasi clandestine dans le cinéma le plus proche de moi (petite salle à moitié vide, pratiquement aucune publicité), j’ai pu voir La Grande Aventure Lego aka Le Film Lego aka The Lego Movie aka Lego The Movie ce matin, soit 3 jours avant la sortie officielle. Youpi, car d’une part c’était excellent, et d’autre part ça me permet de faire cet article à partir d’autre chose que les bandes annonces.
Quel âge pour voir le film Lego ?
Commençons par ce détail technique. J’ai vu le film avec E. (G8) et U. (G4). Très nettement, E. a beaucoup plus apprécié. La plupart des gags s’apprécient à partir de 7-8 ans (et jusqu’à au moins 34), et le scénario n’est pas d’une extrême simplicité (comparativement à d’autres films d’animation familiaux), donc plus difficilement accrocheur pour de très jeunes enfants. U. est resté bien sage dans son siège (donc il ne s’est pas ennuyé), mais je pense qu’il a moins aimé que Planes, par exemple.
La réalisation ultra-dynamique avec énormément de choses qui bougent dans tous les sens et très vite pendant les nombreuses scènes d’action peut aussi déboussoler de très jeunes spectateurs.
Ceci étant dit, il n’y a pas grand chose de nocif dans le contenu du film ; rien d’effrayant, pas de grossièreté (à part des histoires de bottage de fesses ou de crotte de bique), et la violence est du niveau de ce qu’on rencontre dans les jeux vidéo Lego.
Donc : je conseille La Grande Aventure Lego à partir de 6-7 ans pour vraiment apprécier, mais à partir de 4-5 ans ça passe sans problème (même s’il faudra revoir le film 2-3 ans plus tard pour mieux comprendre de quoi il retourne).
Claque visuelle
Comme on pouvait le voir dans les bandes-annonces, The Lego Movie est réalisé en imitation de stop-motion, avec un frame-rate volontairement abaissé, des textures de plastique et d’usure sur les personnages, et des décors entièrement constitués de Lego (y compris les vagues de l’océan, les nuages, les effets de fumée, etc.). Les effets de profondeur de champ nous placent à l’échelle de vrais éléments Lego. Rien à voir donc avec le style des jeux vidéo Lego, dans lesquels les personnages sont ramenés à l’échelle humaine et placés dans des décors « réels ». Ici on voit un monde miniature constitué de jouets s’animer devant nous.
Le résultat est génial. D’une part c’est original, par rapport aux films d’animation en image de synthèse hyper sophistiquées qui sont devenus la norme. D’autre part, on se demande comment c’est fait : finalement, c’est filmé (avec des ajouts en images de synthèse pour les visages et autres fantaisies non reproductibles avec des Lego) ? C’est de l’image de synthèse ? Vu les quantités d’éléments animés dans certaines scènes, il est clair que tout ne peut pas être filmé. Mais l’impression de voir de vraies figurines en plastique, éclairées avec de la vraie lumière, dans d’autres scènes est vraiment forte. Pour une fois, j’ai hâte de voir un making-of de film d’animation sur le DVD, car c’est très intriguant.
Lego Matrix
Le scénario est très malin. Je n’en dis pas trop sur le fil des évènements.
L’histoire repose sur de très bons personnages, Emmett l’Élu tiré de la banalité de son quotidien, Cool Tag la winneuse super balèse par laquelle Emmett rencontre son destin, Vitruvius le prophète, et l’excellent méchant, Lord Business – doublé par Will Ferrell en V.O. (et ça se sent dans les textes). Et bien entendu, en plus des personnages originaux créés pour le film, on croise pas mal de guest-stars des différents univers Lego, avec des rôles significatifs (Batman, vu dans la bande-annonce donc ceci n’était pas un spoiler) ou des apparitions anecdotiques pour l’histoire mais très réjouissantes. Là encore, je vous laisse découvrir tout ça et profiter de la surprise.
Ce que je peux dire en revanche, c’est que l’histoire du film reprend parfaitement la philosophie Lego, rendant hommage à la créativité permise par les jeux de construction. Assez étonnamment, on peut y percevoir une critique assez directe de ce que les Lego représentent de plus en plus, avec des kits conçus pour être montés en suivant les instructions et pas vraiment prévus pour que des enfants jouent avec (cf. les énormes kits Star Wars ou les énormes maisons à plusieurs centaines d’euros).
A la réalisation originale, dynamique et colorée, et à l’histoire bien pensée, s’ajoutent des gags à la pelle – de vrais gags qui ne sont pas drôles que pour les enfants (contrairement aux gags des jeux vidéo Lego, qui sont généralement très premier degré).
Pari gagné pour Lego au cinéma
Il y a 9 ans débarquait sur nos consoles un jeu vidéo a priori totalement improbable : Lego Star Wars. Un jeu d’action-aventure dans l’univers Star Wars, mais avec des personnages en Lego. Prendre des films, les passer à la moulinette du character design d’une marque de jouets, et mettre tout ça dans un jeu vidéo. Improbable, et pourtant, le jeu s’avéra excellent, et depuis les jeux vidéo Lego règnent en maître dans la catégorie des jeux vidéo familiaux multi-plateformes.
Un peu de la même façon, aux premières annonces d’un film Lego, on pouvait craindre le pire. Une énorme pub de 90 minutes sans saveur. Puis, au fil des mois, les premières images des personnages ont filtré, puis les bandes-annonces, et la crainte s’est transformée en impatience de voir ce qui finalement pouvait se révéler être une excellente surprise.
Et c’est bien le cas. La Grande Aventure Lego est un très bon film d’animation familial (dans le sens où il plaira autant aux enfants qu’aux adultes) – ce sera d’ailleurs peut-être le meilleur de l’année 2014 (Pixar n’ayant pas de projet pour cette année, Ghibli ayant laissé passé sa chance avec un film plutôt pour les grands, et Disney ayant dans sa besace uniquement un Fée Clochette et un Planes 2…). Je ne suis pas le seul à le penser : The Lego Movie a une moyenne de 82% sur Metacritic, ce qui est un très bon score.
Bonus : un chouette coloriage La Grande Aventure Lego !
Il y en a d’autres par ici.
Bonus II : la dernière bande-annonce
Au cas où.
Alexis attend ce film depuis des mois. Et le jeu vidéo qui va avec par la même occasion…
Attention d’après les premiers test, le jeu vidéo est moins bon que le film. Et y a le jeu vidéo lego hobbit qui sort dans pas longtemps (annoncé pour le printemps).
Merci pour tes critiques l’ami 🙂
Il me tarde de le voir celui-là… mon fils de 2 ans crie Lego quand il voit la bande-annonce à la télé! Enfin bon il est trop jeune pour aller au cinéma.
Très bon film mais si je trouve qu’on en prend un peu trop dans les yeux, surtout en 3D !
Petit plus pour les textures des figurines, qui sont nettement meilleures que dans les autres « films ».
J’ai adoré le cosmonaute, première petite figurine qui, comme on l’a tous eu, avait la mentonnière fendue ! Petit détail qui fait que les auteurs sont des vraies connaisseurs !
En tout cas, c’est sympa de voir que ces jouets ont déjà passé une générations et qu’ils ont toujours autant de succès, et que surtout, on prend toujours du plaisir à jouer avec, même à presque 40 ans !
Je profite de ce post pour dire tout le bien de ce site français ! J’étais déjà fan de la version ricaine, mais je préfère quand même cette version là ! Merci beaucoup pour ces articles super sympas !
Réponse ultra-tardive, mais tant pis.
Merci pour ton commentaire ; je précise que je n’ai aucun lien avec la version américaine du blog Geek Dad..
Eh, je ne savais pas qu’il existait un dad amegeekain! Faudra que j’y jette un œil.
Faut-il y voir un rapport, ou la coïncidence est-elle fortuite, toujours est-il que dans peu de temps sortira l’exo-squelette Ideas (ex-Cuusoo). Avec lui, une tortue pas ninja et… deux cosmonautes/astronautes/spationautes old-school *verts*. La couleur en est inédite, alors que le modèle est éculé. Curieux, lorsque l’on voit la foule de détails ajoutés ces dernières années aux figurines de résidents spatiaux, de constater que ce modèle est accompagné de figurines épurées, similaires à l’ère LEGO « Just Imagine ».
L’avantage des films LEGO: ils coûtent finalement moins cher à l’achat que les sets (mais sont moins intéressants). [Mode troll on] Le slogan de l’époque pourrait être recyclé en « Just imagine (what it would be like to be able to afford LEGO toys) ». :,~(
Ben, à part les sets à licence (certes les plus visible), je trouve que les Lego ont encore un bon rapport qualité-prix, comme les playmobils. Et inversement aux figurines hasbro, par exemple.
Après c’est sûr que si on voulait reconstituer la ville de Will Ferrell dans le film…
Pour les LEGO, le rapport qualité-prix n’est plus le même. La production en Chine et dans les Pays de l’Est s’est accompagné d’une baisse des prix… de production (non de vente). Et souvent, d’une baisse de qualité. Il suffit de prendre une minifig actuelle, vendue aux alentour de 2,50 eur, et de la comparer avec celles d’il y a 15-20 ans. OK, l’ornementation actuelle est nettement plus belle et détaillée, mais le plastique utilisé est parfois translucide ou cassant, et les articulations des bras et jambes sont m*rd$%£es au possible. Jouer avec ces figurines récentes=les voir dans l’impossibilité de tenir debout quelques mois plus tard. Parlons aussi des accessoires qu’il devient fréquemment impossible de faire tenir dans les mains d’une minifig. Que les mains soient trop étroites ou les accessoires trop épais, il n’en reste pas moins que le produit n’offre plus la même satisfaction qu’antan sur certains points.
Quant au rapport qualité-prix, il dépend fortement des gammes. Ceci dit, les gammes SANS licences deviennent elles aussi souvent impayables. Pour faire simple, il suffit de regarder les sets dont le prix ne dépasse pas 10 eur: il n’en reste quasiment plus. De 15 à 20 eur, on a un petit véhicule. Détaillé, plaisant à l’œil, certes, mais un simple véhicule. Pour un set un tout petit peu intéressant, on est directement dans la fourchette 60-110 eur. Pour atteindre des prix indécents pour les modulaires, UCS et autres maison des Simpson. Si la qualité était inchangée, ça passerait encore. Entendons-nous bien: LEGO reste infiniment supérieur à la « concurrence », mais prix qui enflent+qualité qui baisse=fuite des convaincus. Il m’en coûte de tenir ces propos, mais la réalité, malheureusement, finit toujours par rattraper les rêves. La ville de Will Ferrell, faut être 1) obsédé, 2) nanti ou 3) LCP (« LEGO Certified Professional »).
Pour les Playmobil, c’est plus nuancé. Dans l’ensemble, les grosses pièces (dont les châteaux) sont plus intéressants que chez LEGO. Cependant, opter pour la firme allemande signifie renoncer à la polyvalence (de plus en plus limitée) des briques danoises. À mes yeux, ces deux sociétés restent et resteront les deux meilleures options en matière de jouets. Prudence malgré tout. Prenons l’exemple de BRIO: ce qui pouvait être jusqu’il y a peu considéré comme le pinacle du train en bois tente de se renouveler en lorgnant du côté du plastique. Esthétiquement, rien à dire, c’est beau, voire parfois splendide. Les autres aspects sont moins reluisants. Märklin a frôlé la faillite il y a quelques années, LEGO et BRIO aussi. Nul n’est à l’abri d’un désamour du consommateur. Si LEGO parvient à faire fuir ses afficionados par des politiques commerciales discutables et discutées, rien ne garantit que la société se constitue actuellement une nouvelle base de consommateurs suffisante pour lui permettre de franchir dans le futur une éventuelle nouvelle mauvaise passe. Je reste donc circonspect… mais surtout triste.