Loony Quest, un excellent jeu de société dans un monde de jeu vidéo

Loony Quest

Récompensé par le prix du jury As d’Or 2015 au festival international des jeux qui s’est tenu fin février à Cannes, Loony Quest est un jeu de société basé sur l’observation et le dessin, et dont l’univers est basé sur les archétypes des jeux vidéo d’aventure et de plateformes des années 80-90.

Chaque joueur a entre les mains un feutre et un « écran » (plaque transparente en plastique). Au milieu de la table, on place un « niveau », c’est-à-dire une carte carrée représentant les objectifs à atteindre par les joueurs, qui vont devoir soit les relier par un trait, soit les encercler, soit les cibler par des points (selon les missions).

Loony Quest

Le défi est donc de tracer, sur son écran vierge, le bon dessin pour réaliser la mission du niveau, en collectant au passage le maximum de bonus et points d’XP, et en évitant les pièges et les monstres. Le tout en trente secondes. Lorsque le temps est écoulé, on pose les feutres, et on vérifie les dessins : à tour de rôle, chaque joueur pose son écran sur la carte du niveau, et on compte les points gagnés. Puis on passe au niveau suivant. A la fin du monde (6 niveaux pour les mondes 1 à 6, 4 niveaux pour le monde 7), le joueur qui a remporté le plus de points d’expérience a gagné la partie.

Un jeu de dessin original, dans des univers classiques de jeux vidéo

Le principe du jeu est donc en lui-même très original. A l’inverse de la plupart des jeux de société basés sur le dessin, il ne s’agit pas de faire deviner quelque chose en le dessinant. On peut gagner à Loony Quest sans être un bon dessinateur : il suffit de savoir faire des traits et des points, en évaluant correctement les distances et les proportions ; c’est de la géométrie plus que du graphisme. Autre différence : alors que dans la plupart des jeux de dessin, le gameplay est asymétrique (avec des rôles qui changent à chaque tour, ou des joueurs/équipes passifs pendant le tour des autres), ici tout le monde joue en même temps. Les parties sont très rythmées : un niveau s’installe en 15 secondes, la séquence de dessin en dure 30, et le décompte des points se fait en quelques dizaines de secondes (selon le nombre de joueurs, qui peut varier de 2 à 5). La durée officielle indiquée est de 20 minutes par partie, mais à 2 joueurs on est plus proche de 10-15 de minutes.

Quelques personnages de Loony Quest

Deuxième gros point fort de Loony Quest pour les geeks que nous sommes tous ici : son univers vidéoludique. Les sept mondes sont des classiques de Mario, Sonic et autres Zelda : la jungle tropicale, le désert, le volcan, le monde de glace, le monde mécanique, le palais des morts-vivants… Leur design est très réussi, avec des couleurs vives, des identités visuelles très marquées pour chaque monde mais une cohérence de l’ensemble, des monstres rigolos au look cartoon. Je trouve les héros beaucoup moins charismatiques que les monstres, d’ailleurs – mais ce n’est pas très gênant puisqu’on les voit assez peu (uniquement sur des jetons qui servent rarement, et sur les marqueurs de scores). En plus d’être très agréable à jouer, Loony Quest est très agréable à regarder.

Loony Quest (4)

Les mécaniques de jeu des niveaux sont variées : dans certains il faut être très précis pour éliminer les ennemis d’un point, tel un sniper ; dans d’autres il faut être rapide pour tracer une longue trajectoire biscornue permettant de collecter le maximum de cibles ; dans les niveaux de boss, il s’agit généralement de relier des éléments du décor (bombes, stalactites…) au boss, représentant là encore une mécanique bien connue des jeux vidéo. Bien sûr, d’un monde à l’autre on retrouve des principes similaires, mais au sein de chaque monde (et donc de chaque partie), on a bien une succession de niveaux basés sur des approches différentes, avec une difficulté croissante de niveau en niveau et de monde en monde.

Le gameplay original basé sur le dessin sur calque déporté est par ailleurs enrichi de jetons bonus et malus, qu’on peut obtenir en les « touchant » par son dessin dans chaque niveau. Les bonus peuvent aider le joueur (bouclier protégeant d’un piège, bonus d’XP) ou lui permettre de gêner ses adversaires (tel le jeton « banane » qu’on place sur l’écran d’un autre joueur, l’obligeant à le contourner pour son dessin). Les malus attribuent au joueur différents handicaps physiques : dessin de la main non directrice, dessin sans plier le coude, dessin avec un œil fermé… A l’exception du jeton « moustique » que je trouve beaucoup trop handicapant (on le pose sur le feutre, tenu verticalement, et le joueur doit dessiner sans le faire tomber – beaucoup trop difficile),  mais qu’on peut très bien retirer du jeu, ces éléments sont bien trouvés, car les handicaps qu’ils génèrent sont amusants plus que frustrants.

Les bonus/malus ainsi que la liberté qu’a chaque joueur, dans chaque niveau, de jouer la sécurité (« Je ne fais que la mission principale, sans faire de détours pour ramasser des points d’XP supplémentaires au risque de prendre des malus », vs. « j’augmente les risques avec des trajectoires plus alambiquées mais susceptibles de rapporter plus de points ») introduisent une petite dose de stratégie dans le jeu.

Quel âge pour Loony Quest ?

L’âge indiqué sur la boîte est 8 ans. J’ai essayé de laisser E. (9 ans) lire et comprendre les règles seul ; il en a lu et assimilé la moitié, mais l’impatience de commencer le jeu a fini par prendre le dessus lorsqu’il est arrivé à la section détaillant les types de missions et de bonus/malus. Je pense qu’un adulte ou un enfant un peu plus âgé (autour de 11-12 ans) est nécessaire pour la première partie, si des joueurs plus jeunes découvrent le jeu. Ensuite, une fois les règles bien comprises, des enfants de 8 ans peuvent effectivement jouer seuls. Le principe est simple, le décompte des points l’est aussi, et les parties sont plutôt équilibrées même avec des joueurs d’âges différents : pour la première partie, E. (9 ans) a marqué 29 points et moi 35.

Loony Quest (11)

Avant 8 ans, c’est plus délicat : j’ai fait tester le jeu à U. (5 ans), seul et sans sablier, simplement en lui faisant essayer quelques niveaux. Ca lui a bien plu, il a compris le principe, mais à cet âge, la capacité à évaluer les distances et les proportions et à les retranscrire par un dessin est encore en construction. Autrement dit : des enfants de niveau maternelle peuvent jouer à Loony Quest si on leur explique les règles (d’autant plus qu’une fois les règles assimilées, il n’y a aucun élément à lire dans le jeu, tout est représenté par des images). Mais ils auront très peu de chance de gagner contre le reste de la famille ; la part de chance dans le jeu est très faible. Par contre, une partie entre enfants de 5-6 ans uniquement peut tout à fait fonctionner : ils luttent à armes égales.

Matériel de jeu bien pensé

La boîte de Loony Quest sert également de support pour placer la carte du niveau en cours et de piste de score (on y déplace les marqueurs des joueurs). Ceci évite d’avoir à déplier un encombrant plateau. Tout le contenu du jeu s’y range très facilement, ce qui permet des installations rapides. L’ensemble prend très peu de place, que ce soit rangé (boîte de 23cm de côté et 6cm de hauteur) ou en cours de jeu, ce qui en fait un jeu idéal pour les vacances, ou pour jouer sur une table un peu encombrée ou sur un coin de tapis.

Les feutres fournis sont un peu petits, je pense que leur durée de vie est donc limitée (quantité d’encre), mais une fois vides, il suffira de les remplacer par n’importe quels autres feutres pour ardoise effaçable. Tout le reste des éléments du jeu est réutilisable à l’infini, même si j’imagine que les écrans transparents finissent par être un peu ternis, comme une ardoise en fin d’année scolaire.

Bref…

Loony Quest est un excellent petit jeu de société, original et rythmé, accessible aux enfants et amusant pour toute la famille, reposant essentiellement sur l’observation et la géométrie. L’univers graphique, le design des niveaux, le principe de bonus, malus et XP rendent hommage aux archétypes des jeux vidéo de plateformes et d’aventures. L’ensemble est très bien conçu, peu encombrant, d’installation rapide. Jouable sans aucune difficulté dès 8-9 ans, il l’est aussi pour des enfants plus jeunes, à condition qu’ils jouent entre eux (ou acceptent bien la défaite).

Loony QuestJe recommande chaudement !

Contenu de la boîte : 21 feuilles de niveau recto/verso (soit 42 niveaux) ; 52 jetons bonus/malus ; 5 feuilles transparentes ; 5 plaquettes de supports ; 5 feutres effaçables ; 5 marqueurs scores ; 5 jetons personnage ; 1 « console de jeu » avec piste de score ; 1 sablier ; 1 livret de règle ; 1 poster Loony Quest. De 2 à 5 joueurs. Prix de vente conseillé : 30€. Jeu édité par Libellud et commercialisé par Asmodée.

Pour en savoir plus ou acheter Loony Quest…

Un exemplaire de Loony Quest m’a été fourni par Asmodée pour ce test.

2 réponses

  1. Simon dit :

    Super top ton article !
    J’ai aussi un fils de 9 ans (2006).
    J’hésitais à lui prendre ce jeu.

    J’ai essayé Elemon avec lui. Et il a beaucoup accroché : graphisme, jeu, règles simples, etc… Je vous le conseille vivement.

    J’ai aussi essayé Mini Villes avec l’extension Marina. Ca a très bien fonctionné aussi. Les parties sont courtes et surtout, le rythme s’accélère au fur et à mesure que la partie avance. Encore une fois, un jeu très bien fait, avec des cartes très bien dessinées, et des règles simples.

    Merci encore pour ce blog qui est vraiment sympa.

    • Stéfan dit :

      Ah, Minivilles ! Je l’ai vu en expo au salon Art to Play l’année dernière, ça m’a semblé également très bien, et j’imagine que c’est encore mieux pour les fans de jeux vidéo de gestion de villes 😉

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