Quel âge pour La Légende de Manolo ?

Sorti le 22 octobre en France, La Légende de Manolo (The Book of Life en VO) est un film d’animation en images de synthèse qui fait l’effort de sortir de l’usine à clones qui produit chaque année 2 ou 3 films mettant en scène des animaux qui parlent. L’histoire est basée sur l’univers mexicain de la Fête des Morts, qui a lieu chaque année le 2 novembre, et qu’on a déjà pu croiser dans quelques jeux vidéo comme l’excellent Grim Fandango ou le non moins excellent Rayman Legends sorti l’année dernière.

L’histoire : un combo classique mais efficace

Maria, une fille qui ne se laisse pas faire, au centre du pari entre La Muerte et Xibalba, et de la rivalité entre Joaquin et Manolo.

La Légende de Manolo combine plusieurs intrigues classiques : le duel amoureux, la résistance à la tradition, l’héritage familial, les dieux qui parient sur les humains… Le tout sur fond mexicain, donc, et avec une bonne dose d’humour et de références musicales pop-rock fort bienvenues. L’ensemble est introduit à travers une mise en abîme, ce qui explique pourquoi les personnages sont représentés avec des articulations, comme des marionnettes : il s’agit en fait de figurines, utilisées par le narrateur pour raconter l’histoire de Manolo à des enfants. Une astuce scénaristique intéressante dans la mesure où elle permet de renforcer l’originalité visuelle du film.

Élément bonus intéressant : l’histoire contient une remise en cause de la corrida, et un message sur la supériorité de l’art (en l’occurrence la musique) sur la violence gratuite.

Malgré tous ces éléments classiques et cette histoire positive, on ne trouve pas le côté mielleux de certains autres dessins animés. Maria, l’équivalent de l’habituelle princesse, ne se laisse pas faire et n’hésite pas à se battre elle aussi.

Et en plus, ça parle aussi de moustache.

Un enchantement visuel, des musiques bien amenées

La Muerte et le pays des âmes chériesLes longs-métrages d’animation en image de synthèse ont tendance à se standardiser dans leur apparence, et c’est un peu triste. Heureusement, certains suivent un chemin différent. C’est le cas de La Légende de Manolo. Les visages des personnages ont un style bien particulier, et l’univers choisi est lui même original et peu vu au cinéma. Comme chez Tim Burton, les morts et les monstres ont des looks qui les rendent sympathiques, et même plus cools que les vivants.

La bande-son, même si elle est certainement encore meilleure en VO, est très bien trouvée. Dans combien de dessins animés peut on entendre des chansons de Radiohead ou Rod Stewart reprises par les personnages et intégrées naturellement à la situation ? On croise également la mythique Ecstasy of Gold d’Ennio Morricone (et abondamment réutilisée par Metallica). A propos des chansons d’ailleurs, on peut apprécier une seconde astuce du scénario : à l’inverse du Disney classique où les personnages se mettent à chanter pour un oui ou pour un non, sans aucune justification, au beau milieu d’un dialogue, ici les chansons sont amenées par l’histoire : Manolo est musicien, et quand il chante dans le film (au lieu de simplement parler), c’est parce qu’il y a une raison qui l’amène à chanter. Ca élimine le côté ridicule et assez saoulant qu’on trouve dans la Reine des Neiges, par exemple.

Un soupçon de machins qui font peur

Avant d’aller le voir avec E. (9 ans), j’ai consulté Common Sense pour savoir si le film pouvait aussi convenir à U. (4 ans). Etant donné que les utilisateurs indiquaient un âge plutôt autour de 7-8 ans et mentionnaient quelques séquences potentiellement éprouvantes, j’ai évité.

Finalement, le contenu est très acceptable. Il n’y a que trois gros méchants qui pourraient faire peur : Xibalba, sorte de dieu des morts, Chacal, le chef des bandits, et le méga taureau géant. Mais Xibalba, qui me fait un penser à Jaffar dans Aladdin, est plus intimidé par son équivalent gentil et féminin (La Muerte), Chacal est stupide et ultra-caricatural, quant au taureau géant, il se laisse rapidement attendrir par la musique de Manolo. Le contenu en personnages réellement intimidants qui pourraient impressionner les plus petits est donc finalement très léger, grâce à ces différentes astuces édulcorant leur méchanceté.

Xibalba

Xibalba

L’autre aspect du film qui pourrait éventuellement faire peur, c’est le passage dans le pays des morts, où tous les personnages ont un look à la Manny Calavera de Grim Fandango, avec ce visage typique représentant un crâne. Mais là encore, comme dans les Noces Funèbres de Tim Burton, on réalise très rapidement que ces individus à tête de mort sont au moins aussi sympathiques et rigolos que les vivants. Encore plus ici, avec le fond folklorique de la Fête des Morts mexicaine, où tout est ultra coloré, rempli de confettis et de feux d’artifices.

Des morts sympas

Ils vous font peur, vous, ces morts ?

Alors, quel âge ?

A vrai dire, je ne vois pas très bien ce qui pourrait ne pas convenir pour des enfants autour de 5 ans. L’ensemble n’est ni plus ni moins intense que les dessins animés Disney. L’histoire est assez simple à comprendre, les personnages sont clairement définis, le tout est bourré de gags qui permettent de réduire la tension, et les méchants ne sont pas vraiment méchants (sauf Chacal, mais lui il est gros et ridicule, plus qu’effrayant). Il y a une ou deux scènes d’action mouvementées (l’arène du pays des morts, le combat final), mais rien qui ne dépasse ce qu’on peut voir dans un Toy Story.

La Légende de Manolo est une excellente surprise, hors des circuits Pixar et Dreamworks, et un ajout plus que bienvenu à la liste des films parfaits pour Halloween !

3 réponses

  1. kro dit :

    Bon, ça veut dire que je dois oublier avec le petit frère de 3,5 ans ? ou non ?

    • Stéfan dit :

      Pas forcément. Est-ce qu’il a vu l’étrange noël de monsieur Jack, par exemple ? Ou même Monstres et Compagnie ? On n’en est pas très loin.

      Par contre pour un enfant qui n’a jamais vu autre chose que des Tchoupi et Petit Ours Brun, oui c’est probablement un peu trop.

  2. Mon fils de 3 ans adore ce film!
    Je dois avouer que je n’y suis pas insensible non plus.
    Histoire sympathique, personnages attachants et bien caractérisés et, surtout, des chansons très sympas(vf à cet âge bien sûr) qui collent bien à l’ambiance.

Répondre à MorbiusgravisMorbiusgravisAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.