Nos enfants auront-ils encore besoin du permis de conduire ?
Tomorrowland, la série d’articles qui explore ce qui pourrait être le quotidien technologique de nos enfants. Nous on a les brosses à dents électriques et les téléphones permettant de jouer à Clash of Clans. Dans 20 ans, ce sera quoi, la technologie banale ? Voir ici les autres articles de la série !
Dans environ 6 mois, Marty McFly devrait arriver de 1985, en DeLorean volante. Si les voitures volantes ne sont pas encore partout quand on regarde par la fenêtre, il y a une autre innovation technologique est bel et bien là : la voiture autonome, sans conducteur. On en entend parler depuis maintenant quelques années, notamment avec la fameuse Google Car, suite logique de Google Maps et Google Street View. Mais si la voiture de 2020 ou 2025 n’a plus besoin de conducteur, est-ce que ça sert à quelque chose que nos enfants passent le permis de conduire d’ici 10 ou 15 ans ?
« Le conducteur ? Là on on va, on n’a pas besoin de conducteur ! »
La technologie est là : Google teste ses voitures-robots sur de vraies routes depuis 2010 – généralement avec quelqu’un assis à la place du conducteur, pour pouvoir prendre le contrôle en cas de problème (et sans doute aussi pour des raisons légales, puisque j’imagine qu’il est pour l’instant interdit de faire rouler une voiture sans conducteur).
Contrairement à la voiture volante, qui ne décolle pas (haha) en raison probable d’un manque d’utilité, la voiture sans conducteur peut présenter de vrais avantages par rapport à nos voitures ringardes actuelles qui nécessitent qu’un primate soit au volant.
Des tests réalisés en Californie et au Nevada en 2014 ont montré que les logiciels aux commandes des Google Cars conduisaient mieux que des humains. Accélération et freinage plus précis, meilleure capacité à maintenir une distance constante avec le véhicule devant, les voitures de Google passent moins de temps en “zone proche de la collision” que les voitures pilotées par des conducteurs humains.
Une voiture sans conducteur, c’est aussi une voiture qu’on a encore moins besoin de posséder : il suffit de l’appeler quand on en a besoin, elle part d’une base secrète où se trouve une flotte partagée, elle vient vous chercher, elle vous dépose à votre destination, et elle s’oriente vers le prochain utilisateur dans la file d’attente – comme un taxi.
Moins de parkings dans les villes (puisque les voitures partagées sont moins souvent stationnées, et peuvent être stockées dans des zones en périphérie), des rues et routes mieux utilisées (le cabinet KPMG estime que le développement de la circulation en trains de véhicules pourrait augmenter la capacité des voies rapides de 500%), des mini-vans avec des fréquences plus élevées plutôt que des gros bus toutes les 30 minutes (puisque ce qui coûte cher, c’est le conducteur)… Les effets sur les villes seront nombreux.
Le futur c’est maintenant
Étant donné la vitesse à laquelle ce projet, au départ visiblement insensé, a fini par donner quelque chose de crédible, on peut facilement imaginer les voitures sans pilotes seront réellement prêtes à être commercialisées bien avant que l’homme ne marche sur Mars. Le problème sera sans doute le cadre légal, qui évolue moins vite que la technologie. Toutes les règles du code de la route, toutes les infrastructures routières et les services associés sont conçus pour des véhicules conduits par des humains, et sont le résultat de presque 200 ans d’histoire (en France, le premier “code de la route et du roulage” date de 1828). Un autre problème est la vitesse de renouvellement du parc automobile : il y a 31,5 millions de voitures en France, et une voiture a une durée de vie moyenne de 13 ans.
Un des défis des programmeurs et concepteurs des voitures sans pilotes est donc de faire en sorte que leurs véhicules ne nécessitent pas beaucoup de modification de la réglementation, et qu’ils soient capables de cohabiter avec des voitures conduites par des humains, au comportement moins prévisible que des ordinateurs, puisque ces voitures à l’ancienne resteront encore très longtemps sur les routes, et seront encore longtemps les plus nombreuses.
Aujourd’hui, Google apprend à ses voitures à éviter les vaches, à ralentir pour passer les dos d’ânes, à ne pas écraser les cyclistes, et même à montrer une très légère dose d’agressivité ou de non respect strict des règles, afin de ne pas rester bloquée indéfiniment à certains carrefours où il faut s’imposer, ou pour ne pas causer un danger en roulant moins vite que tout le monde sur une autoroute où la vitesse réglementaire n’est pas respectée par les autres conducteurs.
Dans la vidéo suivante, publiée en avril 2014, on réalise le niveau de sophistication déjà atteint par la technologie, capable d’identifier un cycliste qui quitte sa piste cyclable, et même de repérer son bras tendu lorsqu’il signale un changement de direction. Une sorte de Kinect embarqué, en 1000 fois plus puissant.
Google estime que ses robots de la route pourraient être prêts pour la commercialisation d’ici 5 ans. Au Japon, Nissan annonce ses premières voitures autonomes capables de rouler sans conducteur sur autoroute pour décembre 2016, et en zone urbaine (plus complexe que l’autoroute) en 2020. Grosso modo, Nissan et Google sont donc à peu près synchro.
Plus besoin de conducteur, donc plus besoin de permis de conduire
Même en ajoutant 5 ans à ce délai, pour prendre en compte le fait que la technologie arrivera plus tard en France, et sera au départ réservée à quelques early-adopters (comme c’est encore le cas aujourd’hui avec les imprimantes 3D, par exemple), ça nous amène en 2025. E. (10 ans) et U. (5 ans) auront respectivement 20 ans et 15 ans. Autrement dit, autour de l’âge de passer le permis de conduire.
Alors, même si au moment de le passer, il restera encore beaucoup de voitures avec conducteur, on se dit qu’arrivera un moment dans leur vie où ce permis ne servira plus à rien. Même pour nous, nés dans les années 1970 ou 80, il sera certainement possible de se déplacer en voiture sans avoir besoin de notre vieux permis (et son horrible photo), passé en 1999 au lendemain de la fameuse tempête, sur des routes couvertes de branches et de flaques géantes.
Et compte tenu du prix de revient du dit permis (1500€, et encore c’est en cas de réussite à la première tentative, ce qui ne concerne que 60% des candidats), arrivera également une année charnière où, pour les nouveaux candidats, le temps d’amortissement restant – le temps jusqu’à ce que la voiture sans pilote soit aussi accessible que la voiture avec pilote – ne sera plus suffisant pour justifier ce coût. Ce sera alors la fin du permis de conduire, et les moniteurs d’auto-école iront rejoindre les allumeurs de réverbères, les montreurs d’ours et les lavandières, dans les fêtes des vieux métiers. Les plus malins se reconvertiront pour apprendre aux voitures à mieux conduire.
L’étape suivante sera bien entendu celle où l’intelligence artificielle des Google Cars sera tellement développée qu’elle se révoltera, comme dans la prophétie. Les Google Cars pourront alors jouer à GTA, mais contre nous, et dans le monde réel. Cool.
Quelques liens pour en savoir plus sur la voiture autonome
- La voiture de 2025 sera entièrement automatique (RTFlash, mars 2014)
- Disruptions: How Driverless Cars Could Reshape Cities (Bits, juillet 2013)
- Une démo de la Google Car, avec une personne qui perd la vue mais peut quand même se déplacer en voiture (2012)
- Des vidéos de la concept car autonome de Mercedes Benz (2015)
- The Amazing Ways the Google Car will change the World – Infographie (2014)
Autant j’ai hâte de voir la phase ou la transition sera effective.
Autant je ne suis pas jouasse de vivre un jour la période de transition ou des %£# feront tout leur possible pour faire buguer les voitures sans pilotes en leur faisant des queues de poissons impossibles, ou les gros durs devront faire passer leur testostérone sur autre chose, ou les association de conducteurs râleront sur le fait de ne plus pouvoir faire du 160km/h et ou les moniteurs/examinateurs feront des bouchons bloquant et du lobbying que nos politiques suivront dans un bel élan de démagogie.
Je pense d’ailleurs que ce sera bien plus vite adopté dans les pays du nord que chez les latins…